đ Qu Implique Le Tutoiement Dans Une Relation
LesProjetlysien·ne·s bĂ©nĂ©ficient de deux jours par semaine de tĂ©lĂ©travail, une institution ici. Cela nous a aidĂ© lors du confinement, car nous sommes tous habituĂ©s Ă travailler Ă distance et nous bĂ©nĂ©ficions de tout lâĂ©quipement nĂ©cessaire Ă notre confort. Le tutoiement est de mise pour tout le monde car nous sommes proches
4Vouvoiement et tutoiement en français langue étrangÚre Dans Dewaele & Regan (2002) nous avons souligné la difficulté d'interprétation des données
Coronavirus: Ă©vitons le tutoiement Eh bien cette bonne blague de 1 er avril nâen est plus une : « Le simple fait de parler propulse des micro-gouttelettes de salive, potentiellement chargĂ©es
Letutoiement sans le consentement prĂ©alable du tutoyĂ© est une dĂ©linquance, c'est aussi simple que ça, que ce soit sur Internet ou dans la vie ordinaire, ainsi que je l'explique dans plusieurs articles de mon blog. Le consentement pour ĂȘtre tutoyĂ© est un prĂ©alable obligatoire pour toute personne civilisĂ©e.
Andromaque IV,5) mais, le tutoiement comme signe de supĂ©rioritĂ© sociale tend Ă disparaĂźtre. En revanche, le tutoiement lâemporte dans les affrontements verbaux (insultes, agressions verbales), quand le vouvoiement serait normal. »1 AprĂšs un rappel linguistique et historique (A), nous ferons une incursion dans la philosophie
Uneseule chose est sĂ»re, câest que le choix de lâun ou lâautre va impacter la relation thĂ©rapeutique. Il est important que les mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes aient conscience des facteurs influençant leur choix dans lâusage du tutoiement ou du vouvoiement et quâils connaissent les attentes des adolescents afin de mieux apprĂ©hender les consultations les impliquant.
Jai donc voulu en parler avec l'infirmier. Je remettais en cause le tutoiement des patients, car j'étais souvent plus jeune qu'eux. Je lui ai fait part de mes difficultés à ne pas 1
Dansles familles nobles lâusage Ă©tait de se vouvoyer mĂȘme entre Ă©poux, mĂȘme entre parents et enfants. Ă cette pratique il y a un bon cĂŽtĂ©: le respect intĂ©gral entre les ĂȘtres et, en particulier, le respect de lâĂ©volution de chacun et, occasionnellement, un moins bon: le manque de chaleur dans les relations humaines que, parfois, cela prĂ©-suppose.
Imposerle tutoiement gĂ©nĂ©ralisĂ© comme le vouvoiement gĂ©nĂ©ralisĂ© est une absurditĂ© : il faut laisser Ă chacun le temps de se faire sa place dans lâentreprise et de faire ses choix. Un tutoiement obligatoire induit une certaine hypocrisie dans les relations lĂ oĂč un vouvoiement obligatoire pour tous induit une certaine rĂ©serve, voire un contrĂŽle excessif de sa parole.
Ala demande des soignants interrogés, le tutoiement a été utilisé lors de l'échange. 5.2. Choix des professionnels. En ce qui concerne le choix des personnes interrogées, mon sujet étant principalement porté sur la psychiatrie, il me semblait légitime de questionner des soignants travaillant dans ce domaine. J'ai donc pris contact avec un infirmier et une
Cependant mĂȘme si une relation dâordre informel sâĂ©tablit localement en situation dâinteraction, on voit aussi comment ce caractĂšre local est dâavance
Unealliance, stable dans le temps, est peut-ĂȘtre mĂȘme le signe dâune difficultĂ© Ă Ă©tablir une alliance suffisamment forte. Travailler sur la relation permet aussi de dĂ©tecter rapidement les failles dans lâalliance, dâen faire des moments et des objets privilĂ©giĂ©s dâintervention et ainsi dâĂ©viter la terminaison prĂ©maturĂ©e de lâintervention (Goudreau, 2001 ; Safran, 1990
EnFrance, depuis une ou deux gĂ©nĂ©rations (entre 20 et 40 ans), le tu progresse et le vous recule. Une nouvelle frontiĂšre sâinstalle entre les deux formes de politesse. On lâobserve au sein
surla relation thĂ©rapeutique et permet un questionnement sur le sens de notre savoir-faire et notre savoir-ĂȘtre, qui font toute la particularitĂ© et la richesse du mĂ©tier du soignant. Dans un premier temps, je prĂ©senterai ma situation dâappel que je questionnerai et analyserai pour aboutir Ă une question de dĂ©part. JâĂ©clairerai cette derniĂšre par diffĂ©rents auteurs qui . 2
ArrĂȘtĂ©du 8 juillet 2019 relatif aux concours d'admission aux Ă©coles de formation des officiers du corps > Article
kixKd. RĂ©sumĂ© Index Plan Notes de la rĂ©daction Notes de lâauteur Texte Bibliographie Annexe Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s On sâintĂ©resse dans cet article aux usages du tutoiement dans les relations au travail, tel quâil est mesurĂ© Ă travers les donnĂ©es tirĂ©es dâune enquĂȘte quantitative qui contenait quelques variables concernant lâusage du pronom tu » Ă lâadresse du responsable hiĂ©rarchique direct. On montre dâabord que la pratique du tutoiement est dĂ©terminĂ©e par trois dimensions intriquĂ©es une dimension contextuelle apprĂ©hendĂ©e ici via le secteur dâactivitĂ©, une dimension personnelle toutes les gĂ©nĂ©rations, toutes les catĂ©gories socioprofessionnelles et surtout les deux sexes ne pratiquent pas Ă©galement le tutoiement du chef et enfin une dimension relationnelle. En Ă©tudiant les caractĂ©ristiques des responsables hiĂ©rarchiques corrĂ©lativement Ă celles de leurs subordonnĂ©s, lâapproche quantitative permet notamment de vĂ©rifier la dimension paritaire du tutoiement les salariĂ©s de mĂȘme niveau socioprofessionnel, de mĂȘme gĂ©nĂ©ration, de mĂȘme sexe, sont toujours plus enclins Ă se tutoyer. Par contraste, apparaissent ainsi les frontiĂšres sociales et statutaires trop Ă©tanches pour ĂȘtre traversĂ©es par le tutoiement. Lâarticle montre notamment Ă quel point les femmes, quelles que soient les caractĂ©ristiques de leur chef, pratiquent toujours plus le vouvoiement que les hommes. La pratique du tutoiement est ensuite interrogĂ©e comme rĂ©vĂ©latrice indirecte dâun tropisme nĂ©o-managĂ©rial dans les organisations. On montre alors comment lâabandon du vouvoiement dans les relations hiĂ©rarchiques est corrĂ©lĂ© avec divers indicateurs du changement gestionnaire dâinspiration nĂ©o-managĂ©riale, tels que les objectifs chiffrĂ©s et les entretiens dâĂ©valuation, ce qui explique peut-ĂȘtre en partie pourquoi le vouvoiement rĂ©siste plus dans le secteur public. On Ă©met finalement lâhypothĂšse selon laquelle la progression du tutoiement traduirait la transformation des rapports de pouvoir dans les organisations, oĂč les signes extĂ©rieurs de la verticalitĂ© hiĂ©rarchique seraient dĂ©laissĂ©s au profit dâun contrĂŽle par les chiffres qui sâaccommode aisĂ©ment dâune dĂ©contraction apparente dans les relations interpersonnelles. This article focuses on the uses of the informal French pronoun âtuâ in labour relations, as measured by data from the COI survey, which contained some variables concerning the use of "tu" in addressing oneâs immediate line manager. The article first shows that the use of âtuâ is determined by three interwoven dimensions a contextual dimension the work sector, a personal dimension the generations, the socio-professional categories and in particular the two sexes differ in how comfortable they feel addressing a superior as âtuâ and finally a relational dimension. By studying the characteristics of line managers alongside those of their subordinates in a quantitative approach, it is possible to verify the dimension of solidarity in the use of âtuâ employees at the same socio-professional level, of the same generation and of the same sex, are increasingly inclined to do so. In contrast, social and status boundaries appear too strong to be crossed by the use of this pronoun. In particular, the article shows the extent to which women, regardless of their managerâs characteristics, still use âtuâ less than men. This practice is then explored as an indirect indicator of neo-managerial tropism in organisations. This shows how the abandonment of the more formal âvousâ in hierarchical relations correlates with various indicators of managerial change, such as quantitative objectives and evaluation interviews, which may partly explain why the use of âvousâ is more persistent in the public sector. The paper suggests that the progress of âtuâ may reflect the change in power relations within organisations, with a move away from the outward signs of hierarchical verticality to a quantitative monitoring that easily accommodates an apparent relaxation in interpersonal de page EntrĂ©es dâindex Haut de page Notes de la rĂ©dactionPremier manuscrit reçu le 8 juin 2017 ; article acceptĂ© le 6 mars 2018. Notes de lâauteurCet article a dâabord grandement bĂ©nĂ©ficiĂ© de la relecture attentive de CĂ©dric HugrĂ©e qui a su apporter les remarques stimulantes et les encouragements nĂ©cessaires Ă la finalisation dâune premiĂšre version. Quâil en soit remerciĂ©. Merci Ă©galement au comitĂ© de rĂ©daction ainsi quâaux Ă©valuateurs qui ont permis dâamĂ©liorer substantiellement les versions successives de cet article. Merci enfin Ă Anne Bertrand pour sa disponibilitĂ© et le grand sĂ©rieux de son suivi. Texte intĂ©gral 1. Introduction 1 On peut par exemple trouver dans des articles qui traitent du sujet une recommandation simple propo ... 1En français, il nâest pas toujours facile de savoir sâil convient de tutoyer ou vouvoyer un interlocuteur lorsquâon le rencontre pour la premiĂšre fois. Le choix du pronom est lâobjet de codifications sociales complexes, riches en zones dâombre, qui rĂ©sistent Ă lâobjectivation. Cette question a longuement occupĂ© les linguistes Schoch, 1978 ; BĂ©al, 1989 ; Peeters, 2004 et nourri les manuels de savoir-vivre, sans pourtant que des rĂšgles intangibles et clairement partagĂ©es nâĂ©mergent, au-delĂ de quelques gĂ©nĂ©ralitĂ©s1. Cette indĂ©termination pose problĂšme aux Ă©trangers dĂ©sireux dâapprendre le français ; elle anime Ă©galement les dĂ©bats pĂ©dagogiques faut-il tutoyer ou vouvoyer les Ă©lĂšves Loiseau, 2003 ; Charbonnier, 2013 ? Elle pose question aux travailleurs sociaux les assistantes sociales doivent-elles tutoyer les personnes quâelles suivent ? Et les personnes suivies peuvent-elles se permettre de les tutoyer en retour Paugam, 2009 ? Cette question concerne aussi les sociologues Ă lâabord de leurs terrains faut-il tutoyer ou vouvoyer ses interlocuteurs ? Car si cette distinction peut, selon Muriel Darmon, devenir un matĂ©riau prĂ©cieux dans lâanalyse des entretiens » Darmon, 2008, p. 51, elle peut aussi, Ă lâoccasion, peser sur les analyses lexicomĂ©triques des corpus, en clivant les entretiens selon le pronom utilisĂ© entre les interactants Cibois, 2008. Câest enfin, nous le verrons, une question particuliĂšrement sensible dans le monde du travail est-il bienvenu de tutoyer son employeur ou son responsable hiĂ©rarchique ? Ă partir de quand et avec qui peut-on se le permettre » ? JusquâoĂč le tutoiement est-il soluble dans les relations de pouvoir ? 2 Sâil est connu que toutes les langues nâopĂšrent pas une telle distinction, aucune ne se prive cepen ... 3 Les nobles tutoient les gens du peuple, et ceux-ci utilisent le vous Ă lâĂ©gard des seigneurs. Les ... 2Cette question nâest pas anecdotique. Le choix pronominal dans les interactions est peut-ĂȘtre la dimension langagiĂšre dont la performativitĂ© Austin, 1962 est la plus Ă©vidente. Le pronom signifie autant quâil construit le degrĂ© de proximitĂ©, la distance » entre protagonistes dâune interaction. En effet, en français comme dans dâautres langues, le vouvoiement sert Ă marquer la distance ou la diffĂ©rence des positions sociales2. Remontant aux origines historiques de ces distinctions pronominales, Roger Brown et Albert Gilman 1960 ont ainsi montrĂ© comment lâĂ©mergence du vouvoiement Ă lâadresse dâune personne seule sâinscrivait dans une sĂ©mantique du pouvoir » power semantic dans laquelle le tutoiement non rĂ©ciproque dire tu et recevoir vous Ă©tait le marqueur langagier dâune asymĂ©trie entre interlocuteurs. Dans la sociĂ©tĂ© fĂ©odale, trĂšs attentive aux hiĂ©rarchies entre ordres, gĂ©nĂ©rations et fonctions sociales, le vous » dĂ©signait, par-delĂ la personne, son groupe social3. Ă lâinverse, le tutoiement sâinscrivait dans une sĂ©mantique de la solidaritĂ© » solidarity semantic on tutoyait â et lâon tutoie toujours â ses Ă©gaux, ses pairs, ses proches, dans une posture Ă©galitaire dĂ©passant les clivages sociaux ou gĂ©nĂ©rationnels. Cette dimension rend dâailleurs le tutoiement trĂšs ambigu il peut aussi bien ĂȘtre un marqueur de proximitĂ© et dâaffection que devenir une offense caractĂ©risĂ©e sâil est utilisĂ© Ă contre-emploi, en lâabsence de toute solidaritĂ© objective â Ă ce point quâil est mĂȘme parfois vu, dans certains contextes, comme une forme de maltraitance » BontĂ©, 2010. 4 Le fameux Ă©change entre N. Sarkozy et un visiteur du salon de lâagriculture en 2008 est tout Ă fait ... 3Tutoyer quelquâun sans son assentiment revient en effet Ă lâinfĂ©rioriser, Ă signifier lâabsence de toute dĂ©fĂ©rence Ă son Ă©gard. Ainsi, tutoyer spontanĂ©ment un professeur, un policier, un Ă©lu, voire un prĂ©sident de la RĂ©publique lorsquâon est un simple Ă©lĂšve, justiciable ou citoyen, revient Ă refuser de reconnaĂźtre sa face » au sens Goffmanien Goffman, 19734. Le tutoiement est de ce fait lâobjet dâune vive attention dans les rapports entre les forces de lâordre et les justiciables. Les enquĂȘtes ethnographiques soulignent que les policiers et les gendarmes font du tutoiement le marqueur dâun rapport de forces leur Ă©tant favorable, et lâutilisent notamment en interrogatoire comme outil de pression et symbole de domination » Jobard, 2002 ; Gauthier, 2010. De leur cĂŽtĂ©, les justiciables tendent parfois Ă retourner ce tutoiement, ce que les policiers voient comme un signe dâirrespect. On voit ainsi que les usages du pronom tu » sont aussi codifiĂ©s quâambigus, et quâils sont Ă la fois produits et producteurs des rapports sociaux, selon quâils rapprochent ou quâils visent Ă humilier. 4Les enjeux symboliques des usages du tutoiement se retrouvent dans la vie professionnelle, oĂč les positions diffĂ©renciĂ©es dans une hiĂ©rarchie sont gĂ©nĂ©ralement marquĂ©es linguistiquement. En France, il est communĂ©ment admis que les dĂ©tenteurs dâune autoritĂ© quelconque sont fondĂ©s Ă sâattendre Ă ĂȘtre vouvoyĂ©s de prime abord et quâil leur revient de dĂ©finir le registre langagier des interactions avec leurs subordonnĂ©s ; le passage au tu » ne peut se faire sans leur assentiment et relĂšve normalement de leur initiative. Pour les raisons dĂ©jĂ Ă©voquĂ©es plus haut, les ambiguĂŻtĂ©s du tutoiement demeurent donc au travail. Un tutoiement rĂ©ciproque entre un responsable et son subordonnĂ© peut marquer une certaine proximitĂ©, une solidaritĂ© par-delĂ les niveaux hiĂ©rarchiques, mais un tutoiement unilatĂ©ral et non consenti peut revĂȘtir une dimension de violence symbolique des salariĂ©s peuvent subir au travail un tutoiement quâils nâont pas dĂ©sirĂ©, quâil Ă©mane de leur supĂ©rieur ou de la clientĂšle, comme dans le cas des caissiĂšres par exemple Bernard, 2014. Ă lâinverse, un tutoiement non autorisĂ© de la part dâun subordonnĂ© peut participer dâun rĂ©pertoire agonistique dans les relations professionnelles. 5Mais, dans lâunivers professionnel, le tutoiement peut revĂȘtir une signification supplĂ©mentaire, lorsquâil devient un signe revendiquĂ© de modernitĂ© organisationnelle. Dans certaines entreprises, lâencouragement Ă la pratique du tutoiement peut traduire une volontĂ© de rompre avec les formalismes dâorganisations fordiennes oĂč la hiĂ©rarchie Ă©tait pensĂ©e sur un mode militaire sĂ©parant statutairement â et linguistiquement â les cadres des exĂ©cutants. Plus quâune simple codification folklorique une culture dâentreprise », le tutoiement devient alors potentiellement producteur du changement organisationnel, un outil visant Ă accompagner lâhorizontalisation des organisations. 6Interroger la place et les usages du tu » dans le quotidien professionnel ne renvoie donc pas seulement Ă une problĂ©matique dâordre sociolinguistique. Cette dĂ©marche sâinscrit pleinement dans les hypothĂšses contemporaines de la sociologie du travail et des organisations, accordant une attention particuliĂšre aux relations concrĂštes sur le lieu de travail et interrogeant plus largement les modes de domination rapprochĂ©s » Memmi, 2008. Mais comment mesurer la frĂ©quence et lâĂ©volution dâune telle pratique ? 5 Les sigles et acronymes utilisĂ©s dans lâarticle sont dĂ©taillĂ©s en annexe. 7Les rĂ©sultats sur lesquels nous allons travailler sâappuient sur une variable dĂ©clarative tirĂ©e de lâenquĂȘte COI voir lâencadrĂ© 1, qui interrogeait les rĂ©pondants sur leur usage du tu » ou du vous » Ă lâadresse de leur responsable hiĂ©rarchique direct voir lâencadrĂ© 2. Ă notre connaissance, cette variable pourtant fort intĂ©ressante nâa que peu Ă©tĂ© utilisĂ©e, hormis de maniĂšre synthĂ©tique â mais nĂ©anmoins trĂšs Ă©clairante â par Françoise Rouard et FrĂ©dĂ©ric Moatty, dans un article plus gĂ©nĂ©ralement consacrĂ© aux langues utilisĂ©es au travail Rouard et Moatty, 2016. Elle nâa dâailleurs pas Ă©tĂ© reprise dans les enquĂȘtes suivantes de la DARES5, quâil sâagisse de lâenquĂȘte conditions de travail » ou de lâenquĂȘte REPONSE. EncadrĂ© 1. LâEnquĂȘte Changements Organisationnels et Informatisation COILâenquĂȘte COI a Ă©tĂ© conçue et coordonnĂ©e par le Centre dâĂ©tudes de lâemploi CEE, en partenariat avec la DARES, lâINSEE et le SESSI Greenan et al., 2005. La premiĂšre version, datant de 1997, ne sâadressait quâaux entreprises industrielles de plus de 50 salariĂ©s, en interrogeant Ă la fois les salariĂ©s et leurs employeurs sur un certain nombre dâaspects de leur vie professionnelle, avec une majoritĂ© de modules ayant trait Ă la place des technologies et des outils managĂ©riaux dans leur travail, mais Ă©galement un certain nombre de questions liĂ©es aux relations professionnelles et notamment aux responsabilitĂ©s managĂ©riales » des seconde version de lâenquĂȘte, diffusĂ©e en 2006, a Ă©tendu lâanalyse aux entreprises de plus de 20 salariĂ©s du secteur marchand, et a associĂ© la Direction gĂ©nĂ©rale de lâadministration et de la fonction publique DGAFP pour soumettre le mĂȘme questionnaire aux salariĂ©s de la fonction publique dâĂtat FPE et de la fonction publique hospitaliĂšre FPH. Afin de faciliter les comparaisons public-privĂ©, le choix a Ă©tĂ© fait de ne solliciter ni les enseignants, ni les magistrats ni lâensemble des personnels du ministĂšre de la DĂ©fense, qui ont Ă©tĂ© exclus du champ de lâenquĂȘte du fait de leurs conditions de travail atypiques. Le dispositif COI nâa pas Ă©tĂ© prolongĂ© au-delĂ de 2006, mais un certain nombre de ses questions ont Ă©tĂ© versĂ©es Ă lâenquĂȘte Conditions de travail » de 2011 et Ă lâenquĂȘte REPONSE » 2011, 2017.Le prĂ©sent travail sâappuie sur les rĂ©sultats du volet salariĂ©s » de lâenquĂȘte hors FPH, qui contient 15 600 salariĂ©s appartenant Ă 7 000 entreprises des secteurs marchands et un peu plus de 1 200 agents de la Fonction publique dâĂtat issus de 380 directions dâadministrations centrales ou questionnaire adressĂ© aux salariĂ©s Ă©tait structurĂ© en neuf parties. AprĂšs une description large du rĂ©pondant, de son statut dâemploi, Ă©taient successivement abordĂ©s ses horaires et outils de travail ; les caractĂ©ristiques de son lieu de travail et les relations quâil y entretient avec ses collĂšgues notamment son n + 1, ci-aprĂšs appelĂ© chef » ; ses responsabilitĂ©s, son autonomie et lâaide quâil peut recevoir au quotidien ; son rythme de travail, ses sources et les outils de mesure de sa productivitĂ© ; ses compĂ©tences et leur Ă©volution formations ; sa rĂ©munĂ©ration, et notamment les parts variables et enfin les changements survenus dans les trois ans prĂ©cĂ©dant lâenquĂȘte contexte de travail, de mĂ©thodes etc.. Le questionnaire se terminait par un bilan gĂ©nĂ©ral du rapport au travail du rĂ©pondant et de son statistiques descriptives prĂ©sentĂ©es ci-aprĂšs, ainsi que les modĂšles de rĂ©gression, ont fait lâobjet dâun redressement pour tenir compte de la structure spĂ©cifique de lâĂ©chantillon de trouvera plus dâinformations sur 8Le tutoiement que nous Ă©tudierons est donc un tutoiement ascendant » Ă lâadresse dâune ou un supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct. LâenquĂȘte COI ne permet pas dâinterroger la rĂ©ciproque, câest-Ă -dire les cas oĂč un supĂ©rieur hiĂ©rarchique dĂ©clarerait tutoyer les salariĂ©s sous sa responsabilitĂ©. LâenquĂȘte ne permet pas non plus dâanalyser les situations dissymĂ©triques impliquant un tutoiement descendant » et un vouvoiement montant », qui continuent probablement de marquer en France certains rapports intergĂ©nĂ©rationnels ou inter-genres sur les lieux de travail. EncadrĂ© 2. Questions relatives au tutoiement hiĂ©rarchique dans lâenquĂȘte COI Votre supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct estâŠ- un homme ?- une femme ?- vous nâavez pas de supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct ? Est-il ou est-elleâŠ- Ă peu prĂšs de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration que vous ?- plus ĂągĂ© ?- plus jeune ? Le ou la tutoyez-vous ou vouvoyez-vous ?- vous le la tutoyez ;- vous le la vouvoyez. 6 Certains styles sont en effet non attestĂ©s selon le sexe des protagonistes ou trĂšs directement dĂ©pe ... 9Il convient Ă©galement de prendre acte des limites dâune approche statistique sur un tel sujet. Le questionnaire impose de dĂ©clarer le pronom utilisĂ© avec son chef. Or, certaines relations hiĂ©rarchiques ne sont sans doute pas fixĂ©es de ce point de vue on peut trĂšs bien se vouvoyer dans les relations professionnelles, voire seulement dans certains contextes formels, et se tutoyer dans les relations plus informelles, en marge du travail ou dans les marges du travail Ă lâoccasion dâĂ©vĂ©nements particuliers ou dâactivitĂ©s festives ou ludiques entre collĂšgues. Des pĂ©riodes de flottement plus ou moins longues peuvent Ă©galement accompagner le choix du pronom, faites dâallers-retours, dâaudaces contrariĂ©es, dâimplicite ambiguĂŻtĂ© qui font quâen pratique, on peut Ă la fois tutoyer et vouvoyer quelquâun, et ce pendant longtemps. Une sociologie du tutoiement mĂ©rite donc un travail de terrain fait dâobservations prolongĂ©es, Ă lâimage de lâenquĂȘte ethnographique de Denis Guigo 1991, rĂ©alisĂ©e Ă la fin des annĂ©es 1980 dans la direction parisienne dâune grande sociĂ©tĂ©, qui rĂ©vĂšle toute la complexitĂ© des rĂšgles dâadresse en milieu professionnel. Il montre notamment que le systĂšme dâadresse en entreprise ne se rĂ©duit pas Ă cette alternative entre vouvoiement et tutoiement. Il distingue ainsi huit styles » possibles combinant lâusage de Monsieur ou Madame, du nom ou du prĂ©nom, associĂ©s Ă un vouvoiement ou un tutoiement, avec une gradation dans la proximitĂ© allant du style distant » Monsieur ou Madame + vous au style amical » prĂ©nom + tu en passant par diffĂ©rentes combinaisons. Cette analyse offre un aperçu des Ă©tapes Ă franchir sur le chemin dâune proximitĂ© croissante abandon du Monsieur / Madame », utilisation du prĂ©nom, passage au tutoiement tout en tenant compte du caractĂšre genrĂ© des rĂšgles dâadresse6. Une Ă©tude aussi fine des systĂšmes dâadresse » demeure impossible avec les donnĂ©es de lâenquĂȘte COI. Mais, comme Denis Guigo lâestimait fort justement, le choix du terme dâadresse entre deux personnes combine toujours crĂ©ativitĂ© individuelle et mĂ©diation des usages sociaux prĂ©existants » Guigo, 1991, p. 48. Ătudier cette question du point de vue de lâenquĂȘte quantitative gomme sans doute lâimportance de lâintuitu personae, de cette crĂ©ativitĂ© individuelle » entre les interactants, mais cette approche fait ressortir le poids et les grands dĂ©terminants des usages sociaux » du tutoiement sur le lieu de travail. 10Nous verrons en effet quâau travail, le choix du pronom est toujours largement conditionnĂ© par des caractĂ©ristiques objectivables du salariĂ© et de son chef, en interaction avec les normes organisationnelles changeantes des entreprises. Cet article se donne un double objectif saisir Ă la fois certaines constantes dans la codification des rapports interpersonnels au travail et mesurer, par certains signes indirects, les liens entre la pratique du tutoiement et lâĂ©volution gestionnaire des entreprises et de la fonction publique dâĂtat. 7 Lâextension de lâenquĂȘte COI Ă lâadministration dâĂtat permet cependant dâaborder de maniĂšre orig ... 11La premiĂšre partie sera consacrĂ©e Ă la place du tutoiement sur les lieux de travail, en tenant compte des caractĂ©ristiques des rĂ©pondants et de celles de leurs chefs. Il sâagira de mesurer lâeffet sur la pratique du tutoiement des diffĂ©rences de sexe, dâĂąge et de niveau de qualification entre le subordonnĂ© et son supĂ©rieur hiĂ©rarchique. Nous Ă©tudierons ensuite, dans une seconde partie, les liens entre adoption du tutoiement et changements gestionnaires, par une analyse des dĂ©terminants et des effets organisationnels du tutoiement. Ce faisant, nous montrerons en quoi le tutoiement peut ĂȘtre vu Ă la fois comme un marqueur et un vecteur du changement organisationnel et avec lui des rapports de pouvoir dans les organisations. Nous verrons notamment comment la question du tutoiement peut sâintĂ©grer dans une mise en perspective plus gĂ©nĂ©rale des mĂ©thodes de travail et des relations de travail des secteurs public et privĂ©, ce qui Ă©tait lâun des objectifs de lâenquĂȘte COI7. 2. La place du tutoiement hiĂ©rarchique au travail Un tutoiement aujourdâhui majoritaire mais trĂšs inĂ©gal selon les secteurs 12Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, un peu moins des deux tiers des salariĂ©s 63 % dans la population gĂ©nĂ©rale de lâenquĂȘte dĂ©claraient tutoyer leur chef, faisant du vouvoiement du supĂ©rieur une rĂšgle dâadresse aujourdâhui largement minoritaire figure 1. La pratique du tutoiement nâest cependant pas homogĂšne dans toute la population salariĂ©e prise en compte dans le champ de lâĂ©tude, et cette apparente hĂ©gĂ©monie du tutoiement cache des disparitĂ©s trĂšs accusĂ©es. 13Ainsi, les salariĂ©s du secteur public tutoient notablement moins leur chef que ceux du privĂ© figure 2 ; seule une minoritĂ© 43 % dĂ©clare le faire. Ce rĂ©sultat a de quoi surprendre, mais il faut tenir compte du champ spĂ©cifique de lâenquĂȘte COI dans la fonction publique dâĂtat. Le souhait des concepteurs de lâenquĂȘte dâen retirer les magistrats et les enseignants, du fait de leur usage supposĂ© faible des outils informatiques, pĂšse certainement sur la place globale du tutoiement dans la fonction publique dâĂtat. 14Ă lâintĂ©rieur du secteur privĂ© lui-mĂȘme, il existe des disparitĂ©s fortes entre les secteurs tableau 1 les activitĂ©s spĂ©cialisĂ©es, scientifiques et techniques se signalent par une quasi-systĂ©maticitĂ© du tutoiement, les mĂ©tiers de lâanimation semblent Ă©galement trĂšs propices Ă cette pratique, ainsi que les secteurs industriels qui sont au-delĂ de 70 % de tutoiement. Ă lâinverse, les activitĂ©s de services administratifs, le commerce, et surtout les activitĂ©s immobiliĂšres, se signalent par un recours moins frĂ©quent quoique toujours majoritaire au tutoiement. 15Ces diffĂ©rences marquĂ©es entre les secteurs peuvent avoir des causes diverses. On peut notamment faire lâhypothĂšse quâil existe des cultures organisationnelles spĂ©cifiques dans certains secteurs qui expliquent un recours plus systĂ©matique au tutoiement. On pourrait par exemple imaginer que le tutoiement est dâautant plus frĂ©quent que les salariĂ©s restent longtemps dans leur entreprise. En observant lâanciennetĂ© des personnels des secteurs oĂč le tutoiement est le plus Ă©levĂ©, on sâaperçoit cependant que cette variable ne semble pas pouvoir expliquer Ă elle seule le recours au tutoiement. En effet, si lâon observe bien un tutoiement et une anciennetĂ© moyenne Ă©levĂ©s dans les secteurs de lâindustrie, les secteurs des activitĂ©s spĂ©cialisĂ©es scientifiques et techniques » ou le secteur des arts, spectacle et animation », par exemple, sont marquĂ©s par un fort turnover et un fort tutoiement. Il semble bien que pour ces derniers, la forte proportion de personnels trĂšs qualifiĂ©s soit plus explicative. 16Il faut donc prendre en compte une seconde hypothĂšse susceptible dâexpliquer les diffĂ©rences sectorielles la structure hiĂ©rarchique et la dĂ©mographie des diffĂ©rents secteurs. La question se pose en effet car, Ă titre dâexemple, on peut relever que le tutoiement est trĂšs Ă©levĂ© dans certains secteurs oĂč les femmes sont trĂšs minoritaires Ă peine 9 % de femmes dans la construction et entre 25 % et 30 % dans les diffĂ©rents secteurs de lâindustrie. Or, cela nâest probablement pas sans effet sur la question des rĂšgles dâadresse, comme nous le verrons par la suite. Les statistiques descriptives globales sont donc Ă prendre avec mesure tant que les liens entre le tutoiement et la composition des personnels des diffĂ©rents secteurs nâa pas Ă©tĂ© prise en compte, ce que nous allons faire maintenant. Figure 1. RĂšgle dâadresse utilisĂ©e avec le supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct Source enquĂȘtes COI et COI-FP 2006 / volet salariĂ©s », Statistique publique, salariĂ©s ayant au moins un an dâanciennetĂ© des entreprises de plus de vingt salariĂ©s secteur privĂ© et agents de la FPE hors enseignants et magistrats. Uniquement les salariĂ©s travaillant au contact direct de leur chef ». DonnĂ©es pondĂ©rĂ©es. Figure 2. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction du secteur Source et champ voir la figure 1. Tableau 1. Tutoiement ou vouvoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction du secteur privĂ© â en % Source et champ voir la figure 1 privĂ© uniquement. Qui tutoie le plus ? Les femmes tutoient beaucoup moins leur chef 17La pratique du tutoiement rĂ©vĂšle une diffĂ©rence trĂšs marquĂ©e entre les hommes et les femmes. Une large majoritĂ© des hommes tutoie son chef 70 %, mais seule une femme sur deux 49 % fait de mĂȘme figure 3. 18Cet Ă©cart important sâexplique pour partie par des effets de structure. On peut dâabord relever que les femmes sont plus rarement Ă des niveaux hiĂ©rarchiques Ă©levĂ©s, lĂ oĂč le tutoiement est la rĂšgle, du fait du plafond de verre » Buscatto et Marry, 2009 quâelles rencontrent Ă la fois dans lâadministration Milewski, 2004 ; Doniol-Shaw et Le Douarin, 2005, dans les entreprises privĂ©es Laufer, 2004, 2005 ; Landrieux-Kartochian, 2007 et dans les entreprises publiques Pochic et al., 2010. Il faut ensuite noter quâelles ont moins de chances dâĂȘtre encadrĂ©es par des collĂšgues de mĂȘme sexe, et nous verrons que la proximitĂ© de genre a une influence considĂ©rable sur le tutoiement sur le lieu de travail. LâĂąge un dĂ©terminant peu fiable 19Dans la mesure oĂč il est jugĂ© prĂ©fĂ©rable de vouvoyer ses aĂźnĂ©s, et oĂč les hiĂ©rarchies professionnelles sont, en France, encore assez largement produites par les disparitĂ©s en matiĂšre dâexpĂ©rience, il serait logique que les jeunes actifs soient tendanciellement enclins Ă vouvoyer leur chef. Pourtant, lâĂąge nâapparaĂźt pas aussi mĂ©caniquement liĂ© aux rĂšgles dâadresse quâon pourrait sây attendre. Les formalismes liĂ©s au choix du pronom semblent certes lĂ©gĂšrement plus respectĂ©s par les salariĂ©s en tout dĂ©but et en fin de carriĂšre, mais les Ă©carts demeurent assez rĂ©duits. Câest plus vraisemblablement le rapport gĂ©nĂ©rationnel entre le rĂ©pondant et son supĂ©rieur qui est dĂ©terminant, comme nous le verrons plus loin. Un tutoiement qui progresse avec le niveau hiĂ©rarchique hors ouvriers 20Autre diffĂ©rence notable, les personnels dâencadrement cadres et cadres A dans le public pratiquent plus volontiers le tutoiement que les autres catĂ©gories dans le secteur privĂ©, 76 % des cadres tutoient leur supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct contre 68 % des professions intermĂ©diaires et 55 % des employĂ©s ; les ouvriers se distinguent avec des taux comparativement plus Ă©levĂ©s que les employĂ©s 62 %. Lâusage du tu » dĂ©cline donc selon les niveaux hiĂ©rarchiques dâune maniĂšre presque linĂ©aire, Ă lâexception notable des ouvriers, qui tutoient significativement plus leur chef que les employĂ©s. 21Dans le secteur public, la structure des rĂ©ponses est relativement proche, mais notablement dĂ©calĂ©e puisque, comme nous lâavons montrĂ© plus haut, le tutoiement y est globalement moins frĂ©quent figure 4. Ainsi, la catĂ©gorie qui tutoie le plus dans le secteur public les cadres A tutoie Ă peine autant que la catĂ©gorie qui tutoie le moins dans le secteur privĂ©, sachant cependant que la diffĂ©rence public/privĂ© est moins accentuĂ©e chez les ouvriers que dans les autres PCS les professions et catĂ©gories socio-professionnelles de lâINSEE. 22Comment expliquer cette structuration hiĂ©rarchique du tutoiement ? On conçoit assez bien que le tutoiement entre cadres traduise une commune appartenance Ă un groupe restreint conscient de lui-mĂȘme. Une logique de paritĂ© semble sous-jacente et ce tu » sâinscrit bien dans la sĂ©mantique de la solidaritĂ© » de R. Brown et A. Gilman 1960. Comme le notait Denis Guigo Le passage Ă lâĂ©tat de cadre est en quelque sorte une initiation certains membres de lâencadrement vouvoient toujours les employĂ©s et ne passent au Tu que le jour prĂ©cis oĂč lâun dâentre eux est nommĂ© cadre » Guigo, 1991, p. 47. 23Cet entre-soi encadrant, qui se manifeste par le basculement pronominal accordĂ© aux cadres promus, est encore renforcĂ© par la provenance de filiĂšres de formation communes. Il existe en France une tradition bien ancrĂ©e de tutoiement entre sortants des mĂȘmes grandes Ă©coles. Pour certaines, des rĂšgles trĂšs explicites ont mĂȘme Ă©tĂ© formulĂ©es. Par exemple, dans le cadre dâune enquĂȘte rĂ©cente, une jeune ingĂ©nieure sortie de polytechnique Ă©voque le fait que chez les âXâ, il y a des rĂšgles [selon lesquelles] on devrait tutoyer tout le monde. AprĂšs il y a quand mĂȘme une dĂ©rogation ; câest que, au-delĂ de dix ans dâĂ©cart dâĂąge, on a le droit de vouvoyer les gens ». Elle admettra dâailleurs sa difficultĂ© Ă le faire je ne vais pas spontanĂ©ment tutoyer des gens de 60 ans qui ont une grande carriĂšre, et que je ne connais pas ». 24Pour ceux dont les encadrants sont gĂ©nĂ©ralement membres dâun autre collĂšge professionnel professions intermĂ©diaires et employĂ©s, le tutoiement semble moins facile. Chez les ouvriers, on peut faire lâhypothĂšse que le supĂ©rieur direct est trĂšs frĂ©quemment un ancien ouvrier lui-mĂȘme, promu sur place, ou un technicien certes diplĂŽmĂ© mais issu du monde ouvrier HugrĂ©e, 2016, auquel cas le tutoiement sâimpose comme marqueur dâune communautĂ© de destin qui dĂ©passe les nivellements hiĂ©rarchiques de premier degrĂ© qui structurent lâindustrie. Il importe cependant de noter que cette Ă©vidence apparente du tutoiement parmi les ouvriers ne vaut que pour les hommes, et quâelle doit trĂšs probablement beaucoup au fait que les ouvriers sont pour les trois-quarts dans les secteurs Figure 3. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction du sexe du rĂ©pondant Source et champ voir la figure 1. Figure 4. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction de la PCS et du secteur Source et champ voir la figure 1. 8 Il est ainsi notable que le tutoiement du chef progresse de prĂšs de 10 points chez les salariĂ©s qui ... 25dans lesquels le tutoiement est massif industrie et construction. En revanche, les employĂ©s ne semblent pas entretenir les mĂȘmes rapports de proximitĂ© avec leur chef. Ce sont systĂ©matiquement eux qui vouvoient le plus leur responsable hiĂ©rarchique, et ce dans le public 62 % comme dans le privĂ© 49 %. Cette diffĂ©rence est notable. Lâusine, lâatelier ou le chantier semblent des lieux plus Ă©pargnĂ©s par les formalismes langagiers que les bureaux ; il reste Ă dĂ©terminer si cela tient Ă lâactivitĂ© mĂȘme qui sây pratique, aux interactions rendues possibles par les relations de travail8, ou au sex-ratio des personnels aux diffĂ©rents niveaux de qualification. Quels chefs sont les plus vouvoyĂ©s ? 26Ătant le produit dâun rapport social entre un salariĂ© et son chef, le choix du pronom ne peut pas ĂȘtre analysĂ© Ă la seule aune des propriĂ©tĂ©s sociales du subordonnĂ© ; il importe Ă©galement de prendre en compte les caractĂ©ristiques du chef, car les rĂšgles dâadresse sont dâabord Ă©tablies sur la base du rapport hiĂ©rarchique. Une commune appartenance de sexe encourage au tutoiement 9 Situation assez rare au demeurant, qui ne concernait que 10 % des hommes dans la base COI. 27Le tutoiement semble toujours plus aisĂ© avec quelquâun de son sexe 72 % des hommes tutoient leur chef lorsquâil sâagit dâun homme mais ils ne sont que 65 % Ă le faire sâil sâagit dâune femme9. Cet effet de la diffĂ©rence de sexe est encore plus marquĂ© chez les femmes 60 % des femmes tutoient leur chef si câest une femme mais elles ne sont que 42 % Ă faire de mĂȘme avec un homme -18 points. La barriĂšre de genre, agissante pour les deux sexes, semble donc toujours plus haute pour les femmes. On pense assez spontanĂ©ment quâelle sâexplique par des raisons liĂ©es Ă une forme de prudence de la part de ces derniĂšres, qui marqueraient avec les hommes une distance leur permettant dâĂ©viter une familiaritĂ© potentiellement problĂ©matique. Le vouvoiement maintiendrait une distance protectrice contre des formes de harcĂšlement. Câest lâhypothĂšse que formulent F. Rouard et F. Moatty Ă partir des mĂȘmes donnĂ©es, estimant que ce rĂ©sultat reflĂšte une diffĂ©rence entre les sexes, mais surtout une mise Ă distance du supĂ©rieur hiĂ©rarchique chez les femmes, qui limitent le registre de la familiaritĂ© dans les relations professionnelles » Rouard et Moatty, 2016, p. 67. Cette explication semble tout Ă fait crĂ©dible mais nâĂ©puise pas la question, car cette mise Ă distance se retrouve chez les deux sexes. Doit-on dĂšs lors imaginer que les hommes jugent Ă©galement plus prudent dâĂ©viter toute familiaritĂ© avec des chefs de sexe fĂ©minin ? Rien nâinterdit de lâimaginer, mais nous nâavons guĂšre de moyens de rĂ©pondre Ă cette question pour lâinstant. LâaĂźnesse pousse au vouvoiement 28La pratique du tutoiement est plus frĂ©quente lorsque le chef est de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration 71 %, voire plus jeune 66 % que le rĂ©pondant. Suivant une rĂšgle dâadresse bien Ă©tablie, les chefs plus ĂągĂ©s que leurs subordonnĂ©s sont donc moins tutoyĂ©s que les autres 56 %. Câest dâailleurs la situation la plus frĂ©quente 43 % des rĂ©pondants ont un chef plus ĂągĂ©, 30 % un chef Ă peu prĂšs de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration et un gros quart ont un chef plus jeune quâeux. 10 Ce phĂ©nomĂšne semble dâailleurs dâautant plus sensible que lâĂ©cart dâĂąge a toutes les chances dâĂȘtre ... 29Lâobservance de cette rĂšgle est cependant conditionnĂ©e par la gĂ©nĂ©ration du rĂ©pondant les moins de 40 ans se permettent » beaucoup plus de tutoyer leur n + 1 que les plus de 50 ans figure 6. Deux explications semblent possibles soit leurs chefs sont tendanciellement assez jeunes Ă©galement, soit le vouvoiement Ă lâadresse des supĂ©rieurs hiĂ©rarchiques plus ĂągĂ©s est une rĂšgle en voie de fragilisation10. 30La prise en compte de la composante interactionnelle dĂ©bouche logiquement sur le constat que les statistiques descriptives prĂ©sentĂ©es ici ne peuvent suffire. Compte tenu de ce que lâon vient de voir, si les personnels dâencadrement nâont pas les mĂȘmes profils dans les diffĂ©rents secteurs, il est possible que les rĂ©sultats globaux soient influencĂ©s par la composition des populations. Notons dâabord que la structure de la population encadrante en France crĂ©e des probabilitĂ©s trĂšs inĂ©gales dâavoir un chef du mĂȘme sexe que soi selon quâon est homme ou femme les chefs » recensĂ©s dans la base COI sont dans 80 % des cas de sexe masculin, les hommes ont donc une probabilitĂ© beaucoup plus forte dâavoir un chef du mĂȘme sexe quâeux. Câest le cas de 90 % des hommes contre seulement 35 % des femmes. De mĂȘme, les ouvriers ont une probabilitĂ© plus Ă©levĂ©e que les autres salariĂ©s dâavoir un chef plus jeune quâeux, tandis que les cadres sont plus frĂ©quemment que les autres encadrĂ©s par des congĂ©nĂšres. Il faut donc raisonner de maniĂšre Ă neutraliser ces diffĂ©rences structurelles. Figure 5. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction de lâĂ©cart dâĂąge Source et champ voir la figure 1. Figure 6. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct lorsquâil est plus ĂągĂ© en fonction de lâĂąge Source et champ voir la figure 1 + salariĂ©s dont le chef » est plus ĂągĂ© quâeux n = 6919.Lecture 58 % des salariĂ©s de moins de 30 ans tutoient leur chef lorsquâil est plus ĂągĂ©. Sexe, Ăąge, niveau hiĂ©rarchique trois barriĂšres » toujours agissantes 11 Les trois barriĂšres sexe, Ăąge, hiĂ©rarchie se renforcent mutuellement. Toute familiaritĂ© est pra ... 31Des modĂ©lisations logit de la probabilitĂ© de tutoyer sa ou son chef plutĂŽt que de le vouvoyer montrent que les trois barriĂšres » qui inhibaient historiquement lâusage du tutoiement au travail dâaprĂšs D. Guigo semblent toujours agissantes11 diffĂ©rences de sexe, dâĂąge et de position hiĂ©rarchique poussent toujours au vouvoiement du chef, avec cependant quelques diffĂ©rences selon les secteurs tableau 2. Tableau 2. ModĂ©lisations logit de la probabilitĂ© de tutoyer le supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct Source et champ voir la figure les trois modĂšles privĂ© n = 14 121, public n = 1 214, ensemble n = 15 358 comparent les chances p/1-p de tutoyer son chef entre une situation de rĂ©fĂ©rence homme entre 30 et 39 ans, de niveau profession intermĂ©diaire », ayant un chef du mĂȘme sexe et de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration et une situation qui ne se diffĂ©rencie de la rĂ©fĂ©rence que par un critĂšre Ă la fois. Si les odds ratio sont supĂ©rieurs Ă 1, lâeffet estimĂ© est positif ; sâils sont compris entre 0 et 1, lâeffet est nĂ©gatif. Ainsi, dans le secteur privĂ©, si au lieu dâĂȘtre un homme, la rĂ©pondante est une femme, les chances quâelle tutoie son chef sont deux fois moindres contre 1. Les astĂ©risques accolĂ©s Ă lâodd ratio renseignent la significativitĂ© de lâeffet mesurĂ© *** significatif au seuil de 1 %, ** au seuil de 5 % et * au seuil de 10 %. Les femmes face au plafond de verbe » ? 12 On trouve par exemple, dans un article de Philippe Charrier relatif aux hommes exerçant le mĂ©tier d ... 32Pour les hommes comme pour les femmes, avoir un chef dâun sexe diffĂ©rent du sien diminue bien la probabilitĂ© de le ou la tutoyer, toutes choses Ă©gales par ailleurs, mais on peut constater que ce phĂ©nomĂšne est accentuĂ© chez les femmes il existe bien un effet propre du sexe fĂ©minin qui diminue la probabilitĂ© pour les femmes de tutoyer leur chef, quelles que soient les caractĂ©ristiques de ce dernier. Le modĂšle estime ainsi que dans le secteur privĂ©, une femme a environ deux fois moins de chances de tutoyer sa ou son chef quâun homme, indĂ©pendamment de leurs Ăąges et niveaux hiĂ©rarchiques respectifs. La pratique du tutoiement ascendant, comme revendication implicite dâune Ă©galitĂ© par-delĂ les statuts, est donc bien une pratique tendanciellement plus masculine. Les femmes semblent plus respecter les rĂšgles dâadresse associĂ©es aux diffĂ©rences hiĂ©rarchiques au travail. La modĂ©lisation permet donc dâasseoir lâhypothĂšse selon laquelle cette forme de respect nâest pas seulement le fruit dâune stratĂ©gie visant Ă garder ses distances » avec des chefs de sexe masculin. Le vouvoiement fĂ©minin du ou de la supĂ©rieure directe traduit sans doute lâintĂ©riorisation dâune sujĂ©tion plus globale ancrĂ©e dans les codifications sociales, qui les rend plus observantes des hiĂ©rarchies, lĂ oĂč les hommes dĂ©passent plus volontiers les frontiĂšres linguistiques quâon leur assigne12. Il nâest donc pas Ă©galement facile pour les femmes de sâaffranchir des dĂ©fĂ©rences astreintes codifiĂ©es dans les rapports sociaux, ce que nous pourrions appeler un plafond de verbe », la trace linguistique dâun rapport plus gĂ©nĂ©ral de domination Bourdieu, 1998 qui les dissuade dâopter pour le pronom associĂ© Ă la sĂ©mantique de la solidaritĂ© ». Le tutoiement des jeunes, entre effets dâĂąge et de gĂ©nĂ©ration 33Si lâĂąge ne semble pas dĂ©terminant dans le secteur public, il y a bien un effet Ăąge » dans le secteur privĂ©. Les rapports sociaux intergĂ©nĂ©rationnels sont bien lâobjet dâun marquage langagier au travail. Toutes choses Ă©gales par ailleurs, on voit dâune part quâil est toujours moins probable de tutoyer un chef plus ĂągĂ© que soi et dâautre part que les rĂ©pondants vouvoient dâautant plus leur chef quâils sont eux-mĂȘmes ĂągĂ©s. La rĂšgle demeure donc toujours prĂ©gnante qui reconnaĂźt la diffĂ©rence dâĂąge comme productrice dâune inĂ©galitĂ© encourageant au vouvoiement des gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes, mĂȘme si cette rĂšgle semble sâaffaiblir dans les plus jeunes gĂ©nĂ©rations. Que reste-t-il du tutoiement ouvrier ? 34Suivant la mĂȘme approche, si lâon neutralise notamment les Ă©carts de sexe et dâĂąge entre les rĂ©pondants et leur n + 1, il ressort que toutes choses Ă©gales par ailleurs, les ouvriers du secteur privĂ© tutoient toujours moins leur chef que les professions intermĂ©diaires, qui tutoient moins que les cadres. Sâil existe bien statistiquement un tutoiement ouvrier, celui-ci semble largement le produit des propriĂ©tĂ©s sociales des interactants. Une fois les effets de structure contrĂŽlĂ©s, il reste bien lâimage dâun monde du travail oĂč la place occupĂ©e dans la hiĂ©rarchie conditionne la possibilitĂ© de se permettre » de tutoyer son chef. Les cadres, Ă lâimage de la noblesse dâancien rĂ©gime, pratiquent un tutoiement rĂ©ciproque trĂšs frĂ©quent, marqueur dâune commune appartenance Ă un groupe dominant conscient de lui-mĂȘme. Ils reçoivent en revanche un vouvoiement de la part de ceux qui sont moins haut placĂ©s quâeux, et cette rĂšgle semble se transposer jusquâaux plus bas niveaux de la hiĂ©rarchie salariale. Ce phĂ©nomĂšne ne se transpose pas Ă lâidentique dans le secteur public, le modĂšle nâaboutissant pas Ă des rĂ©sultats significatifs. Il faut noter cependant que les ouvriers » de la fonction publique dâĂtat sont Ă la fois peu nombreux 6 % des effectifs et trĂšs particuliers. Quel effet du secteur ? 13 La taille respective des deux bases peut Ă©videmment ĂȘtre en cause, mais les quelque 1500 rĂ©pondants ... 35Lorsque lâon compare les modĂ©lisations construites respectivement sur le secteur public et le secteur privĂ©, il est notable quâĂ lâexception du sexe, la plupart des variables nâont pas dâeffet significatif dans le secteur public13. De plus, lorsque le secteur est ajoutĂ© comme paramĂštre du modĂšle colonne Ensemble » dans le tableau 2, on constate quâil y a bien un effet secteur » propre Ă la fonction publique dâĂtat, que le recours plus frĂ©quent au vouvoiement que lâon y observe nâest pas seulement lâeffet dâune composition de la main dâĆuvre diffĂ©rente, ni la consĂ©quence de logiques dâaccĂšs aux responsabilitĂ©s plus tardives. Toutes choses Ă©gales par ailleurs, on tutoie tendanciellement moins dans le secteur public et cette pratique y semble moins dĂ©terminĂ©e par les caractĂ©ristiques des agents. En un mot, le vouvoiement semble sây imposer comme une norme plus impersonnelle, conditionnant plus le vouvoiement Ă une inĂ©galitĂ© de fonctions inscrite dans un systĂšme bureaucratique quâaux propriĂ©tĂ©s sociales des interactants. 36Cette diffĂ©rence nous invite maintenant Ă Ă©tudier les effets contextuels et organisationnels qui peuvent influencer le choix du pronom. Le recours plus frĂ©quent au tutoiement dans le privĂ© serait-il le signe dâorganisations plus horizontales, moins pyramidales que celle de la fonction publique, volontiers prĂ©sentĂ©e comme affectĂ©e dâun lourd retard gestionnaire », empĂȘtrĂ©e dans une forme bureaucratique rĂ©putĂ©e immuable Bezes, 2009 ? Nous allons en effet voir maintenant que le recours au tutoiement ascendant semble plus caractĂ©ristique de certains milieux professionnels et de certains types dâorganisation. 3. Le tutoiement, une pratique managĂ©riale ? 37Si, comme nous lâavons vu, la probabilitĂ© de tutoyer est dĂ©pendante des caractĂ©ristiques de la personne elle-mĂȘme son sexe, son Ăąge, sa PCS et de celles de son chef, il faut Ă©galement envisager cette pratique comme dĂ©pendante des contextes. Il y a des organisations oĂč le tutoiement semble encouragĂ© Ă tous les niveaux hiĂ©rarchiques, et ce pour des raisons qui ne tiennent pas quâĂ des questions dâambiance au travail. Le tutoiement au cĆur du nouvel esprit du capitalisme ? 14 Dans un entretien avec ValĂ©rie Boussard, Ăve Chiapello pointait ainsi diffĂ©rents Ă©lĂ©ments prĂ©ca ... 15 MĂȘme si lâanglais, contrairement Ă ce quâon pense gĂ©nĂ©ralement, a presque totalement abandonnĂ©, gra ... 16 Cette influence de lâ aplatissement pronominal » associĂ© Ă lâanglais se retrouve dâailleurs dans l ... 38De nombreux Ă©lĂ©ments laissent Ă penser que le tutoiement au travail sâinscrit dans des stratĂ©gies managĂ©riales visant Ă diminuer la verticalitĂ© » hiĂ©rarchique des organisations. Ăve Chiapello rangeait ainsi, il y a quelques annĂ©es, le tutoiement parmi diffĂ©rentes caractĂ©ristiques typiques des organisations nĂ©o-managĂ©riales14. Yannick Estienne, dans un article sur le mouvement des start-up Estienne, 2005, notait Ă©galement combien le tutoiement sây imposait comme une pratique incontournable, Ă©voquant lâesprit start-up » dans lequel le patron est le copain, le tutoiement de rigueur, la tenue vestimentaire dĂ©contractĂ©e » et comment, Ă travers le tutoiement et la faible division hiĂ©rarchique et fonctionnelle du travail, la start-up casse dĂ©finitivement les reprĂ©sentations vieillies de lâentreprise comme haut lieu de la lutte de classes ». Ă titre dâexemple, une enquĂȘte dans une chaĂźne de restauration rapide bien connue pour ses mĂ©thodes de management ne manque pas de constater que le tutoiement se pratique lĂ aussi Ă tous les Ă©chelons de la hiĂ©rarchie » Weber, 2005, ce quâavait Ă©galement constatĂ© Christophe Brochier 2001 quelques annĂ©es auparavant. Si cela peut dĂ©couler de la forte homogĂ©nĂ©itĂ© gĂ©nĂ©rationnelle de ces entreprises, on peut Ă©galement y voir la gĂ©nĂ©ralisation dâun tutoiement dâinspiration anglo-amĂ©ricaine15, associĂ© Ă lâusage des prĂ©noms dans les interactions quotidiennes16. Il y a donc des raisons de penser que le recours au pronom tu » peut traduire une forme organisationnelle particuliĂšre, et quâil est Ă©ventuellement encouragĂ© par les entreprises elles-mĂȘmes â en somme, quâil existe une injonction managĂ©riale au tutoiement. 39LâenquĂȘte COI ne contient pas dâinformations sur les conditions dans lesquelles le tutoiement a Ă©tĂ© adoptĂ©, ni sur sa frĂ©quence gĂ©nĂ©rale dans lâentreprise â ce qui permettrait de caractĂ©riser dâĂ©ventuelles injonctions organisationnelles au tutoiement â, mais du fait de sa vocation premiĂšre, la base contient un grand nombre de variables dĂ©claratives relatives aux contextes organisationnels et aux Ă©volutions des conditions de travail des salariĂ©s. Or, un certain nombre dâentre elles sont corrĂ©lĂ©es avec le tutoiement Ă lâadresse du supĂ©rieur hiĂ©rarchique. 40Une analyse des correspondances multiples permet de typifier les contextes de travail propices au recours au tutoiement figure 7. Le premier facteur est structurĂ© principalement par une opposition entre les contextes caractĂ©risĂ©s par des changements â quâils soient techniques, organisationnels ou de direction â et ceux qui ne le sont pas. Le deuxiĂšme facteur met ensuite en exergue tout un ensemble de variables relatives au degrĂ© de directivitĂ© et de contrĂŽle du travail ; il oppose les contextes de travail oĂč les mĂ©thodes de travail sont imposĂ©es, oĂč les salariĂ©s reçoivent des ordres explicites, suivent des procĂ©dures de qualitĂ© strictes et sont contrĂŽlĂ©s trĂšs rĂ©guliĂšrement, aux contextes oĂč les formes dâencadrement laissent plus de latitude, tout en leur assignant des objectifs chiffrĂ©s et en les contrĂŽlant pĂ©riodiquement Ă travers des entretiens dâĂ©valuation. 17 Les variables socio-dĂ©mographiques sont bien sĂ»r placĂ©es en supplĂ©mentaire » lors du calcul des f ... 41On peut rĂ©sumer cette opposition par lâexistence de deux dimensions du travail la stabilitĂ© et la directivitĂ©. En haut Ă gauche du plan, lâespace social du vouvoiement est dâabord caractĂ©risĂ© par des contextes de travail relativement stables, oĂč le suivi est peu individualisĂ©, ce qui correspond plutĂŽt aux environnements du travail peu qualifiĂ© ouvriers, employĂ©s. En bas Ă droite, lâespace du tutoiement est celui du travail des cadres et professions intermĂ©diaires, caractĂ©risĂ© par plus de changements, des Ă©valuations individualisĂ©es, des objectifs, des primes, des mĂ©thodes libres assorties dâun contrĂŽle plus Ă©pisodique. Les ACM ne permettant pas de contrĂŽler les effets de structure, nous retrouvons donc logiquement lâeffet sous-jacent des niveaux hiĂ©rarchiques17. Pour Ă©tudier plus en dĂ©tail ces deux dimensions, nous allons successivement aborder ce que le tutoiement doit aux changements contextuels et en quoi il peut ĂȘtre corrĂ©lĂ© aux Ă©volutions des formes de contrĂŽle du travail. Figure 7. Analyse des correspondances multiples ACM EncadrĂ© 3. DĂ©tails de lâACMLe plan factoriel agrĂšge les rĂ©pondants des secteurs public et privĂ© n = 16 134.Les variables actives sont ContrĂŽle frĂ©quence de contrĂŽle du le travail est-il contrĂŽlĂ© par le supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct ? le travail est-il contrĂŽlĂ© par des moyens informatiques ou vidĂ©o ? le salariĂ© reçoit-il des ordres, des consignes, suit-il des procĂ©dures ou des modes dâemploi ?MĂ©thode imposĂ©e le supĂ©rieur hiĂ©rarchique impose-t-il la mĂ©thode de travail ou fixe-t-il seulement des objectifs et laisse-t-il libre de les atteindre de diffĂ©rentes maniĂšres ? le salariĂ© fait-il partie dâun groupe de travail de type groupe de projet, de rĂ©solution de problĂšme, de pilotage ?Objectifs le salariĂ© doit-il atteindre des objectifs prĂ©cis ?ProcĂ©dures le salariĂ© suit-il des procĂ©dures qualitĂ© strictes ?AmĂ©liorations le salariĂ© a-t-il pu proposer derniĂšrement des amĂ©liorations de son poste de travail, des procĂ©dĂ©s, des machines ?Primes une partie ou la totalitĂ© de la rĂ©munĂ©ration est-elle variable ?EvaluĂ© le salariĂ© a-t-il au moins un entretien dâĂ©valuation par an ?Chg Tech le salariĂ© a-t-il constatĂ© des changements techniques dans son travail durant les trois annĂ©es prĂ©cĂ©dant lâenquĂȘte ?Chg Org le salariĂ© a-t-il constatĂ© des changements organisationnels durant les trois annĂ©es prĂ©cĂ©dant lâenquĂȘte ?Chg dir° le salariĂ© a-t-il constatĂ© un changement de direction, un rachat ou une restructuration de son entreprise durant les trois annĂ©es prĂ©cĂ©dant lâenquĂȘte ?Les variables supplĂ©mentaires sont Sexe, Ăge et PCS. Le tutoiement corrĂ©lĂ© aux changements organisationnels dans le secteur privĂ© 18 Les diffĂ©rences que lâon observe, si elles vont toutes dans le sens dâune lĂ©gĂšre intensification du ... 42Dans le secteur privĂ©, le tutoiement est plus frĂ©quent dans les contextes de changement. Lorsque les salariĂ©s mentionnent une restructuration, un rachat, ou un changement dans lâĂ©quipe de direction » dans les trois annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, la proportion des rĂ©pondants Ă dĂ©clarer tutoyer leur chef direct progresse de 10 points de pourcentage ; lorsquâil sâagit de changements dans les façons de travailler ou dans lâorganisation du travail », lâĂ©cart est de 9 points ; enfin, en cas de changements dans les techniques utilisĂ©es, ce taux augmente de 7 points. Ces Ă©lĂ©ments laissent donc Ă penser que les changements dĂ©clarĂ©s dans le secteur privĂ© sâaccompagnent tous dâune intensification du tutoiement, phĂ©nomĂšne que lâon ne retrouve pas avec la mĂȘme intensitĂ© dans le secteur public18. Mais, dans la mesure oĂč les changements sont dĂ©clarĂ©s dâautant plus frĂ©quemment que les rĂ©pondants sont Ă©levĂ©s dans la hiĂ©rarchie, il peut ĂȘtre intĂ©ressant de mesurer leur effet sur le tutoiement toutes choses Ă©gales par ailleurs. 43Un modĂšle de rĂ©gression logistique intĂ©grant notamment lâeffet des changements dĂ©clarĂ©s sur le tutoiement tableau 3 permet de constater quâil existe bien un effet propre des changements organisationnels et plus encore des changements de direction sur la probabilitĂ© de tutoyer son chef, mĂȘme si ces effets ne sâobservent, ici encore, que dans le secteur privĂ©. Les salariĂ©s du privĂ© qui dĂ©clarent ces types de changements ont en effet une probabilitĂ© significativement plus Ă©levĂ©e de tutoyer leur chef, rĂ©sultat que lâon nâobserve pas en prĂ©sence de changements techniques, ce qui semble finalement assez logique ce nâest que lorsque les changements dĂ©clarĂ©s concernent les relations interpersonnelles au travail via lâorganisation ou lorsque les tĂȘtes changent que le tutoiement gagne du terrain. Sâil nâest question que de technique, il nây a logiquement pas de raison que les rapports interpersonnels Ă©voluent significativement. Dans le secteur public, les changements dĂ©clarĂ©s nâont pas dâeffet statistiquement significatif sur le tutoiement. LĂ encore, le secteur public se signale par des rĂšgles dâadresse peu sensibles au contexte. Figure 8. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction des changements dĂ©clarĂ©s dans le secteur privĂ© Source et champ voir la figure 1 secteur privĂ© uniquement. Tableau 3. ModĂ©lisations logit de la probabilitĂ© de tutoyer le supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct Source et champ voir la figure 1. Le tutoiement, marqueur dâune moindre directivitĂ© du travail ? 44Pour dĂ©terminer vers quelles formes dâorganisation ces changements conduisent, et en quoi elles peuvent favoriser le tutoiement, il faut aller puiser dans les parties du questionnaire relatives aux conditions de travail. On constate alors que le tutoiement est corrĂ©lĂ© Ă certaines formes dâorganisation du travail oĂč la directivitĂ© est faible. 45Lorsque les salariĂ©s du privĂ© ont par exemple la possibilitĂ© dâadapter leur mĂ©thode de travail en fonction des besoins â que leur travail est dĂ©fini par des objectifs Ă atteindre et non par des mĂ©thodes â ou quâils ont la possibilitĂ© de suggĂ©rer des amĂ©liorations de leur poste de travail, le tutoiement est systĂ©matiquement plus frĂ©quent. Dans le mĂȘme esprit, les salariĂ©s participant Ă des groupes de travail de type groupe de projet » autour de 20 % des rĂ©pondants tutoient leur chef Ă hauteur de 77 %, contre seulement 62 % de ceux qui nâen sont pas membres. Chez les seuls cadres, dĂ©jĂ plus enclins que les autres groupes Ă tutoyer leur chef, on atteint mĂȘme 80 % de tutoiement contre 72 % chez ceux qui ne participent pas Ă ces groupes. Dans la mesure oĂč ils ont prĂ©cisĂ©ment pour fonction de passer outre les divisions hiĂ©rarchiques et fonctionnelles en rĂ©unissant des salariĂ©s dĂ©pendant de directions distinctes et de niveaux divers, les groupes de projet sont des lieux tout Ă fait propices Ă lâadoption dâun tutoiement Ă©galitaire par-delĂ les distinctions hiĂ©rarchiques. Le tutoiement sâassocie donc Ă une certaine autonomie dans lâorganisation du travail, typique dâune gestion par projets oĂč les salariĂ©s sont fortement responsabilisĂ©s. Mais, le fait est connu, cette autonomie sâassortit gĂ©nĂ©ralement de formes moins directes â mais non moins agissantes â de contrĂŽle hiĂ©rarchique, notamment via des objectifs chiffrĂ©s dont lâatteinte est Ă©valuĂ©e pĂ©riodiquement. Un tutoiement associĂ© au management par objectifs dans le secteur privĂ© 46Ainsi, dans le secteur privĂ©, le tutoiement du chef est effectivement plus frĂ©quent chez les salariĂ©s qui doivent atteindre des objectifs chiffrĂ©s 67 %, + 11 points et chez ceux qui ont des parts salariales variables 70 %, + 8 points. De mĂȘme, 72 % des salariĂ©s qui font lâobjet dâun entretien annuel dâĂ©valuation tutoient leur chef, contre Ă peine 57 % de ceux qui nâen font pas. Dans le secteur public, on observe Ă©galement une corrĂ©lation entre parts salariales variables et tutoiement 53 %, + 13 points. 47Une fois de plus, il convient de contrĂŽler les effets de structure, car ces pratiques sont beaucoup plus frĂ©quentes chez les cadres, tout particuliĂšrement dans le secteur privĂ©. Ces derniers sont gĂ©nĂ©ralement ceux par qui et sur qui les mĂ©thodes managĂ©riales se diffusent en premier. Aussi, les diffĂ©rentes variables caractĂ©ristiques dâun management par objectifs ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es dans le modĂšle de rĂ©gression prĂ©sentĂ© plus haut tableau 3. 48On constate alors que dans le secteur privĂ©, lâassignation dâobjectifs chiffrĂ©s, les parts salariales variables, les entretiens individuels et lâautonomie dans les mĂ©thodes de travail accroissent bien â toutes choses Ă©gales par ailleurs â la probabilitĂ© de recourir au tutoiement dans les relations hiĂ©rarchiques. IndĂ©pendamment des caractĂ©ristiques des salariĂ©s et de leurs chefs, lĂ oĂč se conjuguent changements organisationnels et mĂ©thodes managĂ©riales basĂ©es sur la responsabilisation individuelle, le tutoiement est plus frĂ©quent. Il semble mĂȘme que ces transformations viennent affaiblir lâeffet des frontiĂšres hiĂ©rarchiques que nous avions observĂ©es dans la premiĂšre partie lorsque les salariĂ©s sont exposĂ©s aux mĂȘmes changements et aux mĂȘmes mĂ©thodes managĂ©riales, le fait dâĂȘtre ouvrier ou employĂ© ne diminue plus significativement la probabilitĂ© de tutoyer son chef, comparativement aux professions intermĂ©diaires. Seuls les cadres se distinguent encore du reste des rĂ©pondants par une probabilitĂ© significativement plus Ă©levĂ©e de tutoyer leur n+1. Dâun point de vue linguistique, les outils managĂ©riaux semblent donc produire un lissage apparent des frontiĂšres hiĂ©rarchiques de bas niveau dans le secteur privĂ©. 49Ces rĂ©sultats cadrent avec le portrait idĂ©al-typique dâun travailleur du privĂ© soumis aux injonctions paradoxales du nĂ©o-management plus autonome, encouragĂ© Ă prendre des initiatives, associĂ© aux projets de sa structure, mais dans le mĂȘme temps Ă©valuĂ© de maniĂšre quantitative Ă Ă©chĂ©ances rĂ©guliĂšres et motivĂ© par des avantages financiers. Ce salariĂ© ne peut quâentretenir un rapport ambigu Ă sa hiĂ©rarchie, qui se pare de tous les attributs de la proximitĂ©, se laissant dâautant plus la possibilitĂ© dâinvestir un rapport interpersonnel gommant les signes de lâautoritĂ© formelle en adoptant notamment le tutoiement que cette autoritĂ© sâexerce bel et bien en arriĂšre-plan par lâusage dâoutils standardisĂ©s qui mĂ©dient le contrĂŽle et lâautoritĂ©, voire permettent de le transfĂ©rer Ă des entitĂ©s extĂ©rieures. Lâadoption du tutoiement peut alors ĂȘtre le signe dâun transfert des marqueurs et des vĂ©hicules de lâautoritĂ© hiĂ©rarchique dans les organisations. La figure du petit chef » ne sâimpose plus dĂšs lors que le contrĂŽle du travail sâeffectue de maniĂšre pĂ©riodique via des indicateurs chiffrĂ©s. Le vouvoiement public, signe dâune rĂ©sistance du modĂšle bureaucratique ? 50Dans le secteur public, oĂč la diffusion des outils managĂ©riaux Ă©tudiĂ©s Ă©tait pourtant dĂ©jĂ notable au moment de lâenquĂȘte Guillemot et Jeannot, 2013, on ne trouve dâeffet significatif sur le tutoiement que pour les entretiens dâĂ©valuation, qui sont le seul Ă©lĂ©ment contextuel Ă augmenter significativement la probabilitĂ© du tutoiement chez les agents de lâĂtat. On pourrait y voir un signe de la diffusion dâoutils managĂ©riaux typiques du secteur privĂ© Ă lâintĂ©rieur de lâĂtat. Lâentretien professionnel nâest-il pas lâun des leviers de reconnaissance de la performance » des fonctionnaires Chanut et Rojot, 2011 ? Sans doute faut-il prendre en compte ici le fait que les entretiens dâĂ©valuation peuvent avoir des fonctions assez diffĂ©rentes en fonction des secteurs. Dans le secteur privĂ©, lâentretien dâĂ©valuation est souvent un moment propice aux Ă©changes concernant la rĂ©munĂ©ration, lâĂ©volution de carriĂšre, en lien avec lâatteinte ou non des objectifs chiffrĂ©s ; ils sont un moment clĂ© du fonctionnement contractuel du management par objectifs. Dans le secteur public, malgrĂ© une volontĂ© constamment rĂ©pĂ©tĂ©e de mieux reconnaĂźtre les mĂ©rites », le caractĂšre impersonnel du statut limite la possibilitĂ©, pour le supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct, de nĂ©gocier pareillement les conditions dâemploi de lâagent. Lâentretien dâĂ©valuation se mue alors en un moment dâĂ©change relativement formel du fait de son intĂ©gration dans la gestion administrative des carriĂšres » Guillemot et Jeannot, 2013. Il faut donc prendre avec prudence la portĂ©e managĂ©riale dâun dispositif dâĂ©valuation aussi gĂ©nĂ©ralisĂ©. Au sein de la fonction publique, les discours sur lâamĂ©lioration de la gestion des ressources humaines » ont longtemps Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă nâĂȘtre quâune rhĂ©torique vide, compte tenu des contraintes affĂ©rentes du statut » Chevalier, 2010. 51Les entretiens dâĂ©valuation mis Ă part, on ne trouve pas dâeffet propre de la diffusion de mĂ©thodes managĂ©riales inspirĂ©es du secteur privĂ© sur le recours au tutoiement dans le secteur public en 2006. Les normes langagiĂšres dans les rapports hiĂ©rarchiques au sein de la fonction publique dâĂtat semblent donc peu sensibles aux changements gestionnaires et aux tentatives dâinstaurer un management plus individualisĂ©, Ă lâimage de ce quâon a pu observer dans le secteur privĂ©. Pour le confirmer, nous avons rĂ©alisĂ© un modĂšle synthĂ©tique rĂ©unissant les deux secteurs tableau 3, modĂšle ensemble » afin de vĂ©rifier lâexistence dâun effet propre de lâappartenance au secteur public sur le tutoiement. En contrĂŽlant les diffĂ©rences dans la composition des populations ainsi que les changements dĂ©clarĂ©s, un agent du secteur public conserve toujours des chances de tutoyer son chef deux fois moindres que celles dâun salariĂ© du privĂ©. 52Il demeure donc un effet propre de lâappartenance Ă la fonction publique dâĂtat sur la probabilitĂ© de tutoyer son chef. La fonction publique dâĂtat possĂšde un rĂ©pertoire pronominal spĂ©cifique peu sensible aux transformations contextuelles. MalgrĂ© la tentation de dĂ©bureaucratiser » lâadministration et la tendance de lâĂtat Ă sâinspirer du secteur privĂ© pour abandonner la diffĂ©rentiation nĂ©gative » de son modĂšle dâemploi Emery et Giauque, 2005, p. 682, le recours plus frĂ©quent au vouvoiement dans lâĂtat, tel quâil se donnait Ă voir en 2006, montre les limites inhĂ©rentes Ă toute dĂ©marche visant Ă manager » les fonctionnaires comme des salariĂ©s du privĂ© Buisson et Peyrin, 2017. Lâattachement au vouvoiement chez les fonctionnaires dâĂtat traduit peut-ĂȘtre la rĂ©sistance dâun modĂšle bureaucratique qui se dĂ©finit notamment par sa forte verticalitĂ© et une distribution claire des rĂŽles dans la hiĂ©rarchie » Guillemot et Jeannot, 2013. Cette question apparemment anodine du choix du pronom traduit peut-ĂȘtre de maniĂšre trĂšs rĂ©vĂ©latrice les limites des tentatives dâhybridation des mĂ©thodes gestionnaires portĂ©es par la nouvelle gestion publique » Bezes, 2005 en matiĂšre de gestion des personnels. 4. Conclusion 19 Revenant sur un travail de Jean-Gustave Padioleau rĂ©alisĂ© au journal Le Monde en 1985, EugĂ©nie SaĂŻt ... 53Tutoyer son chef nâest pas exclusivement le produit dâun intuitu personae, dâun feeling » entre personnes le recours Ă des donnĂ©es quantitatives permet de faire ressortir clairement lâexistence de rĂšgles dâadresse toujours agissantes dans la vie professionnelle ; le tutoiement, sâil est majoritaire, reste bien lâobjet dâune codification dĂ©pendant des rapports sociaux entre le subordonnĂ© et son chef, rapports qui conditionnent largement la possibilitĂ© dâun recours Ă la sĂ©mantique de solidaritĂ© » quâimplique le tu ». Les trois frontiĂšres sociales mises en lumiĂšre par D. Guigo Ă la fin des annĂ©es 1980 sont toujours bien prĂ©sentes. Nous avons notamment vu que les hommes, quel que soit leur niveau hiĂ©rarchique, tutoient toujours plus leur chef que les femmes et que ces derniĂšres, mĂȘme sous lâautoritĂ© de femmes, semblent toujours moins opter pour le tu ». On a Ă©galement pu voir que la frĂ©quence du tutoiement Ă©tait proportionnelle au niveau hiĂ©rarchique on se permet » dâautant plus de tutoyer son chef quâon est soi-mĂȘme Ă©levĂ© dans la hiĂ©rarchie professionnelle. Enfin, nous avons vu que lâĂąge et la gĂ©nĂ©ration jouaient Ă©galement un rĂŽle lâĂąge parce que le tutoiement est toujours plus facile avec nos congĂ©nĂšres ; la gĂ©nĂ©ration parce que les salariĂ©s les plus ĂągĂ©s semblent les plus respectueux des rĂšgles dâadresse. Ce dernier rĂ©sultat nous pousse Ă faire lâhypothĂšse dâune rarĂ©faction progressive du vouvoiement au travail, hypothĂšse qui nâest pas contredite par la mise en perspective de nos rĂ©sultats avec ceux de D. Guigo, mĂȘme sâil sâagit de donnĂ©es bien diffĂ©rentes des nĂŽtres et logiquement incommensurables. En insistant sur le caractĂšre Ă©lectif du tutoiement, son travail ethnographique laisse imaginer la raretĂ© relative de cette rĂšgle dâadresse au tournant des annĂ©es 1990, ce qui permet de saisir, par comparaison, Ă quel point certains formalismes qui sâimposaient encore il y a une trentaine dâannĂ©es dans les rapports interpersonnels semblent avoir reculĂ©. Un certain nombre des styles mis en lumiĂšre Ă lâĂ©poque nâont probablement plus beaucoup cours et le tutoiement, qui paraissait alors une forme trĂšs marquĂ©e de proximitĂ©, semble sâĂȘtre banalisĂ© dans lâintervalle. Les marqueurs langagiers de la hiĂ©rarchie semblent sâaffaiblir, au mĂȘme titre que dâautres formalismes, notamment vestimentaires19. 20 Oderint, dum metuant. 54Nous avons ensuite vu comment le tutoiement pouvait ĂȘtre le marqueur de changements organisationnels allant dans le sens dâune diffusion de pratiques dâinspiration nĂ©o-managĂ©riale oĂč cohabitent Ă©troitement lâautonomie, le travail par projets et une plus forte redevabilitĂ© du travail le relĂąchement formel dans les interactions sâaccompagne volontiers de plus de comptes Ă rendre, Ă travers lâassignation dâobjectifs chiffrĂ©s dĂ©bouchant sur des Ă©valuations pĂ©riodiques. On peut dĂšs lors voir dans le tutoiement le signe dâune transformation des rapports de pouvoir dans les organisations, libĂ©rant les cadres de contact de leurs fonctions de coercition directe, de surveillance et de contrĂŽle du travail â lesquelles sâaccompagnaient volontiers dâune dĂ©fĂ©rence forcĂ©e de la part des subordonnĂ©s â, sans toutefois que disparaissent totalement les rapports de pouvoir liĂ©s Ă lâexercice dâune fonction hiĂ©rarchique. On peut se laisser tutoyer, donner une grande autonomie, le contrĂŽle nâen est pas moins agissant il est seulement transfĂ©rĂ© au suivi quantitatif et ses manifestations sont espacĂ©es dans le temps. Ămergerait donc, dans le cadre professionnel, une sĂ©mantique qui brouille les catĂ©gories de R. Brown et A. Gilman 1960 il existe aujourdâhui un tutoiement hybride qui ne sâinscrit pas tout Ă fait dans une sĂ©mantique de la solidaritĂ© » ni nâabdique toute prĂ©tention Ă lâexercice du pouvoir. Paraphrasant Caligula, Ă qui lâon prĂȘte la cĂ©lĂšbre formule inspirĂ©e de TibĂšre quâils me haĂŻssent, pourvu quâils me craignent »20, les responsables hiĂ©rarchiques dâaujourdâhui pourraient dire quâils me tutoient, pourvu quâils mâobĂ©issent ». Haut de page Bibliographie Austin, J. L., 1962, How To Do Things With Words. Oxford University Press, New York. BĂ©al, C., 1989, âOn se tutoie ?â Second Person Pronominal Usage and Terms of Address in Contemporary French », Australian Review of Applied Linguistics, vol. 12, n° 1, p. 61-82. Bernard, S., 2014, Le travail de lâinteraction. CaissiĂšres et clients face Ă lâautomatisation des caisses », SociĂ©tĂ©s contemporaines, n° 94, p. 93-119. Bezes, P., 2005, Le modĂšle de âlâĂtat stratĂšgeâ genĂšse dâune forme organisationnelle dans lâadministration française, Sociologie du travail, vol. 47, n° 4, p. 431-450. Bezes, P., 2009, RĂ©inventer lâĂtat. Les rĂ©formes de lâadministration française 1962-2008, Presses universitaires de France, Paris. 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EnquĂȘte Ă Lausanne », La Linguistique, vol. 14, n° 1, p. 55-73. Weber, H., 2005, Contraindre et convaincre par le biais des normes temporelles. Le management chez McDonaldâs », in Linhart, D., Moutet, A. dir., Le travail nous est comptĂ©, La DĂ©couverte, Paris, p. 269-292. Haut de page Annexe Table des sigles utilisĂ©s dans lâarticle CEE Centre dâĂ©tudes de lâemploi, devenu Centre dâĂ©tudes de lâemploi et du travail CEET aprĂšs son rattachement au CNAM en octobre 2016. CNAM Centre national des arts et mĂ©tiers COI EnquĂȘte Changement organisationnel et informatisation » DARES Direction de lâAnimation de la recherche, des Ă©tudes et des statistiques du ministĂšre du Travail. DGAFP Direction gĂ©nĂ©rale de lâAdministration et de la Fonction Publique FPE Fonction publique de lâĂtat FPH Fonction publique hospitaliĂšre FPT Fonction publique territoriale INSEE Institut national de la statistique et des Ă©tudes Ă©conomiques PCS Professions et catĂ©gories socio-professionnelles REPONSE EnquĂȘte statistique menĂ©e par la DARES, dont le nom complet est Relations professionnelles et nĂ©gociations dâentreprise » SESSI Service dâĂ©tude des stratĂ©gies et des statistiques industrielles de lâINSEE Haut de page Notes 1 On peut par exemple trouver dans des articles qui traitent du sujet une recommandation simple proposant une distinction entre un tutoiement rĂ©servĂ© aux proches, aux enfants et aux animaux, et un vouvoiement plus gĂ©nĂ©ralement adressĂ© aux inconnus Ismail et al., 2014. 2 Sâil est connu que toutes les langues nâopĂšrent pas une telle distinction, aucune ne se prive cependant totalement de marqueurs de dĂ©fĂ©rence Ă travers par exemple lâusage dâune dĂ©nomination officielle, dâun titre ou au contraire dâun prĂ©nom, etc. 3 Les nobles tutoient les gens du peuple, et ceux-ci utilisent le vous Ă lâĂ©gard des seigneurs. Les gens du peuple eux-mĂȘmes tutoient les mendiants, qui en retour pratiquent le vouvoiement. Dans le cercle familial, quel que soit le niveau social, les parents recourent au tu quand ils sâadressent Ă leurs enfants, et ceux-ci utilisent le vous en retour, ce qui permet aux enfants de se familiariser dĂšs lâĂąge le plus tendre avec la relation asymĂ©trique ou non rĂ©ciproque de pouvoir quâils retrouveront plus tard Ă lâĂ©chelle de la sociĂ©tĂ© » Peeters, 2004, p. 4-5. 4 Le fameux Ă©change entre N. Sarkozy et un visiteur du salon de lâagriculture en 2008 est tout Ă fait illustratif de ce principe. Ce dernier, refusant de serrer la main du premier, lui a dit Touche-moi pas tu me salis ». On note que la charge offensante Ă©tait volontairement redoublĂ©e par le tutoiement. La rĂ©ponse Eh ben alors casse-toi, pauvâ con ! » a contribuĂ© Ă abaisser » la fonction prĂ©sidentielle aux yeux des commentateurs, du fait de lâinsulte Ă©videmment, mais aussi du fait du tutoiement, qui est apparu dĂ©placĂ©, mais largement prĂ©visible chez un homme politique connu pour tutoyer tout le monde, Ă commencer par les journalistes Carton, 2003. 5 Les sigles et acronymes utilisĂ©s dans lâarticle sont dĂ©taillĂ©s en annexe. 6 Certains styles sont en effet non attestĂ©s selon le sexe des protagonistes ou trĂšs directement dĂ©pendants de leurs sexes respectifs. Le style militaire » â au charme surannĂ© â nom de famille + tu Lambert, tu viens manger ? » Ă©tait strictement masculin, tandis que le style amĂ©ricain » prĂ©nom + vouvoiement nâĂ©tait pratiquĂ© que par les hommes Ă lâadresse des femmes souvent de niveau hiĂ©rarchique infĂ©rieur ou entre femmes mais jamais, selon D. Guigo, par une femme Ă lâadresse dâun homme. Lâauteur ne nĂ©glige cependant pas que la trĂšs faible fĂ©minisation de la direction quâil a Ă©tudiĂ©e diminuait la probabilitĂ© dâune telle situation. 7 Lâextension de lâenquĂȘte COI Ă lâadministration dâĂtat permet cependant dâaborder de maniĂšre originale la question du devenir de la bureaucratie dans un contexte marquĂ© par la rĂ©fĂ©rence au marchĂ© et au modĂšle de gestion du privĂ© » Guillemot et Jeannot, 2013, p. 87. 8 Il est ainsi notable que le tutoiement du chef progresse de prĂšs de 10 points chez les salariĂ©s qui travaillent de nuit. Ainsi, certains contextes de travail pĂ©nibles favorisent peut-ĂȘtre lâĂ©mergence de relations dĂ©barrassĂ©es des formalismes usuels, mĂȘme si, lĂ encore, le travail de nuit concerne plus des hommes. 9 Situation assez rare au demeurant, qui ne concernait que 10 % des hommes dans la base COI. 10 Ce phĂ©nomĂšne semble dâailleurs dâautant plus sensible que lâĂ©cart dâĂąge a toutes les chances dâĂȘtre relativement faible lorsque le rĂ©pondant est ĂągĂ©. Du fait des dĂ©parts Ă la retraite, la probabilitĂ© dâavoir un chef beaucoup plus ĂągĂ© que soi diminue logiquement avec la montĂ©e en Ăąge. 11 Les trois barriĂšres sexe, Ăąge, hiĂ©rarchie se renforcent mutuellement. Toute familiaritĂ© est pratiquement exclue si plusieurs barriĂšres se superposent on ne voit presque jamais une jeune collaboratrice tutoyer un chef de service dâĂąge respectable, ni un jeune cadre dire Tu Ă une employĂ©e ĂągĂ©e » Guigo, 1991, p. 47. 12 On trouve par exemple, dans un article de Philippe Charrier relatif aux hommes exerçant le mĂ©tier de sage-femme, un verbatim dâentretien qui traduit cette diffĂ©rence entre hommes et femmes dans la maniĂšre dâenvisager les frontiĂšres hiĂ©rarchiques DĂ©jĂ la relation que jâai pu avoir avec les diffĂ©rents gynĂ©cos et surtout les gynĂ©cos hommes, moi en tant quâhomme on a un contact nettement plus simple. Câest-Ă -dire quâon peut plus facilement passer au tutoiement, enfin cette notion de hiĂ©rarchie entre le mĂ©decin et la sage-femme Ă©tait beaucoup moins marquĂ©e, moi en tant quâhomme quâavec certaines collĂšgues femmes » Charrier, 2007, p. 111. 13 La taille respective des deux bases peut Ă©videmment ĂȘtre en cause, mais les quelque 1500 rĂ©pondants dans la FPE devraient permettre une certaine consolidation statistique des rĂ©sultats. Ce nâest pas le cas. 14 Dans un entretien avec ValĂ©rie Boussard, Ăve Chiapello pointait ainsi diffĂ©rents Ă©lĂ©ments prĂ©carisation croissante des salariĂ©s, rĂ©duction du nombre de niveaux hiĂ©rarchiques, modification plus frĂ©quente du contenu du travail et des structures organisationnelles, dĂ©veloppement du tutoiement au travail, illĂ©gitimitĂ© des comportements autoritaires, attention croissante aux compĂ©tences de nĂ©gociation et de communication des cadres » Boussard, 2005, p. 12, nous soulignons. 15 MĂȘme si lâanglais, contrairement Ă ce quâon pense gĂ©nĂ©ralement, a presque totalement abandonnĂ©, grammaticalement parlant, le tutoiement thou au profit du vouvoiement systĂ©matique you. Il reste que la question grammaticale sâefface derriĂšre la logique sociale en lâabsence de nivellement entre pronoms, le dernier utilisĂ©, fĂ»t-il distanciĂ© Ă lâorigine, devient inĂ©vitablement Ă©galitaire, ce qui nâempĂȘche nullement de signifier la dĂ©fĂ©rence par dâautres moyens usage de titres, etc.. 16 Cette influence de lâ aplatissement pronominal » associĂ© Ă lâanglais se retrouve dâailleurs dans les donnĂ©es de lâenquĂȘte COI, puisque le tutoiement est corrĂ©lĂ© Ă la frĂ©quence dâutilisation de lâanglais au travail 86 % des cadres du privĂ© qui le parlent frĂ©quemment au travail tutoient leur chef, contre 65 % de ceux qui ne le parlent jamais. 17 Les variables socio-dĂ©mographiques sont bien sĂ»r placĂ©es en supplĂ©mentaire » lors du calcul des facteurs voir lâencadrĂ© 3. 18 Les diffĂ©rences que lâon observe, si elles vont toutes dans le sens dâune lĂ©gĂšre intensification du tutoiement en contexte de changement, ne sont pas ou trĂšs peu significatives statistiquement. 19 Revenant sur un travail de Jean-Gustave Padioleau rĂ©alisĂ© au journal Le Monde en 1985, EugĂ©nie SaĂŻtta relĂšve une Ă©volution notable Les hiĂ©rarchies internes [âŠ] apparaissent plus attĂ©nuĂ©es en 2001 quâauparavant. Premiers Ă©lĂ©ments de changement, lâabandon du vouvoiement pour le tutoiement systĂ©matique, et du costume cravate pour un libre arbitre dans le choix vestimentaire, certains journalistes se contentant dâun jean et dâun tee-shirt » SaĂŻtta, 2005, p. 193. 20 Oderint, dum de page Table des illustrations Titre Figure 1. RĂšgle dâadresse utilisĂ©e avec le supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct LĂ©gende Source enquĂȘtes COI et COI-FP 2006 / volet salariĂ©s », Statistique publique, salariĂ©s ayant au moins un an dâanciennetĂ© des entreprises de plus de vingt salariĂ©s secteur privĂ© et agents de la FPE hors enseignants et magistrats. Uniquement les salariĂ©s travaillant au contact direct de leur chef ». DonnĂ©es pondĂ©rĂ©es. URL Fichier image/png, 53k Titre Figure 2. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction du secteur LĂ©gende Source et champ voir la figure 1. URL Fichier image/png, 43k Titre Tableau 1. Tutoiement ou vouvoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction du secteur privĂ© â en % LĂ©gende Source et champ voir la figure 1 privĂ© uniquement. URL Fichier image/png, 377k Titre Figure 3. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction du sexe du rĂ©pondant LĂ©gende Source et champ voir la figure 1. URL Fichier image/png, 43k Titre Figure 4. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction de la PCS et du secteur LĂ©gende Source et champ voir la figure 1. URL Fichier image/png, 77k Titre Figure 5. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction de lâĂ©cart dâĂąge LĂ©gende Source et champ voir la figure 1. URL Fichier image/png, 66k Titre Figure 6. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct lorsquâil est plus ĂągĂ© en fonction de lâĂąge LĂ©gende Source et champ voir la figure 1 + salariĂ©s dont le chef » est plus ĂągĂ© quâeux n = 6919.Lecture 58 % des salariĂ©s de moins de 30 ans tutoient leur chef lorsquâil est plus ĂągĂ©. URL Fichier image/png, 60k Titre Tableau 2. ModĂ©lisations logit de la probabilitĂ© de tutoyer le supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct LĂ©gende Source et champ voir la figure les trois modĂšles privĂ© n = 14 121, public n = 1 214, ensemble n = 15 358 comparent les chances p/1-p de tutoyer son chef entre une situation de rĂ©fĂ©rence homme entre 30 et 39 ans, de niveau profession intermĂ©diaire », ayant un chef du mĂȘme sexe et de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration et une situation qui ne se diffĂ©rencie de la rĂ©fĂ©rence que par un critĂšre Ă la fois. Si les odds ratio sont supĂ©rieurs Ă 1, lâeffet estimĂ© est positif ; sâils sont compris entre 0 et 1, lâeffet est nĂ©gatif. Ainsi, dans le secteur privĂ©, si au lieu dâĂȘtre un homme, la rĂ©pondante est une femme, les chances quâelle tutoie son chef sont deux fois moindres contre 1. Les astĂ©risques accolĂ©s Ă lâodd ratio renseignent la significativitĂ© de lâeffet mesurĂ© *** significatif au seuil de 1 %, ** au seuil de 5 % et * au seuil de 10 %. URL Fichier image/png, 225k Titre Figure 7. Analyse des correspondances multiples ACM URL Fichier image/png, 13k Titre Figure 8. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction des changements dĂ©clarĂ©s dans le secteur privĂ© LĂ©gende Source et champ voir la figure 1 secteur privĂ© uniquement. URL Fichier image/png, 104k Titre Tableau 3. ModĂ©lisations logit de la probabilitĂ© de tutoyer le supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct LĂ©gende Source et champ voir la figure 1. URL Fichier image/png, 358k Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Alex Alber, Tutoyer son chef. Entre rapports sociaux et logiques managĂ©riales », Sociologie du travail [En ligne], Vol. 61 - n° 1 Janvier-Mars 2019, mis en ligne le 07 mars 2019, consultĂ© le 28 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Auteur Alex AlberCitĂ©s, territoires, environnement et sociĂ©tĂ©s, Ă©quipe Construction sociale et politique des espaces, des normes et des trajectoires » CITERES/COST, UMR 7324 CNRS et UniversitĂ© de Tours, MSH Villes et Territoires, BP 60449, 37204 Tours Cedex 03, FranceChercheur associĂ© au CEET/ de page
RĂšgles du forum Forum de discussions entre chrĂ©tiens sur les questions liturgiques jeanbaptiste Pater civitatis Messages 3091 Inscription mer. 30 avr. 2008, 240 Tutoiement et vouvoiement dans la Liturgie [ Les premiers messages de cette discussion sont issues du fil AprĂšs lecture des rĂšgles vouvoiement & cie... Merci de votre comprĂ©hension. Cordialement. Christophe ] Merci Boris pour le joli texte de Jean Raspail ! Je suis moi-mĂȘme un fervent dĂ©fenseur du vouvoiement. Pour plusieurs raisons. Le vouvoiement est Ă©lĂ©gant. Mais surtout, le vouvoiement est une vĂ©ritable et profonde marque de respect de la personne. Le tutoiement est la marque de la familiaritĂ©. Or il est irrespectueux d'ĂȘtre familier avec des personne que l'on ne connaĂźt pas ou peu. Non pour d'obscures "maniĂšres bourgeoises hypocrites", mais par soucis de sincĂ©ritĂ© et de vĂ©ritĂ©. Comment peut-on se prĂ©tendre familier de quelqu'un que l'on ne connaĂźt pas ? Croire qu'un premier coup d'Ćil suffit Ă connaĂźtre la personne est une marque d'irrespect devant le mystĂšre de cette personne. DĂšs lors le vouvoiement est la marque de la reconnaissance de ce mystĂšre, de cette profondeur. Rien ne m'Ă©nerve plus que ces gens qui arrivent en me disant "tutoies-moi, ne te gĂȘne pas etc.". Pire, il y a ceux qui pensent que les vouvoyer c'est les mĂ©priser, les regarder de haut. Bien au contraire ! DerniĂšrement sur un forum, une personne m'avait taxĂ© de bourgeois paternaliste parce que j'avais un ton un peu professoral dĂ©formation due Ă mes Ă©tudes de philosophie ? et que je le vouvoyais. J'Ă©tais trĂšs attristĂ©. Mais il y a plus grave. LA chose qui me pose problĂšme dans le missel post-vatican II dans sa traduction française le tutoiement du Seigneur. Cette traduction est mĂȘme carrĂ©ment incohĂ©rente dĂšs que l'on remarque que le "Je vous salue Marie" vouvoie la TrĂšs Sainte MĂšre de Dieu, alors qu'elle est, elle aussi, gĂ©nĂ©ralement tutoyĂ©e dans les autres priĂšres. Je ne parle mĂȘme pas de l'invocation des saints qui conserve le vouvoiement pour Ă©viter le bazar alors que la supplication Ă Dieu, et l'invocation au Christ se font sur le mode du tutoiement. Pour avoir quelques anciens missels "prĂ©conciliaires" dont un magnifique petit Missel des PĂ©lerinages d'Alsace et de Lorraine de 1924, ainsi que le classique Dom G. Lefebvre, je dois avouer prĂ©fĂ©rer leur constant vouvoiement, plus respectueux c'est tout de mĂȘme fondamental !! et beaucoup plus Ă©lĂ©gant. Cela me donne envie d'apprendre le latin afin de suivre la liturgie postconciliaire avec le missel romain ! Ă ce sujet, est-ce que des personnes sur ce forum connaissent la raison et la maniĂšre dont cela a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© pour laquelle on a dĂ©cidĂ© que dans la traduction française le TrĂšs Haut serai tutoyĂ© ? Merci ! jeanbaptiste Pater civitatis Messages 3091 Inscription mer. 30 avr. 2008, 240 Re AprĂšs lecture des rĂšgles vouvoiement & cie... Message non lu par jeanbaptiste » ven. 02 mai 2008, 1528 Merci ! C'est une trĂšs intĂ©ressante rĂ©ponse ! Notre Seigneur est effectivement au plus intime de nous-mĂȘme, mais il est Ă©galement au plus haut et au plus loin. Finalement, les deux options sont possibles, et de fait, vos prĂ©cisions historiques le montre bien, cela semble toujours avoir Ă©tĂ© le cas. Nous pouvons le tutoyer car Il est au plus intime, nous pouvons le vouvoyer car il est notre plus grand maĂźtre, au plus haut. Ce qui me fait revoir ma position sur la traduction de l'AELF. La prĂ©sence du vouvoiement ET du tutoiement semble effectivement avoir un sens. Mais ne risque-t-on pas de perdre en unitĂ© ? La question semble Ă©ternellement ouverte ! Pour ma part, position trĂšs personnelle, je continuerai de vouvoyer notre Seigneur Boris Tribunus plebis Messages 2430 Inscription lun. 21 aoĂ»t 2006, 1746 Localisation France - Centre 28 Re AprĂšs lecture des rĂšgles vouvoiement & cie... Message non lu par Boris » ven. 02 mai 2008, 1720 Dans la Liturgie, le tutoiement et le voussoiement ont chacun leur place - l'un pour Dieu - l'autre pour le clergĂ©. "Pater noster, qui ES in caelis, sanctificetur nomen TUUM, ..." R/. Dominus vobiscum V/. Et cum spiritu TUO et avec VOTRE esprit [rappelons que c'est quasiment le seul rĂ©pons dans lequel l'assemblĂ©e s'adresse au cĂ©lĂ©brant et qu'il s'agit d'un voussoiement mĂȘme en français.] Prenons aussi le Canon "TE igitur ..." UdP, Boris SolĂšne Barbarus Tutoiement et vouvoiement Message non lu par SolĂšne » jeu. 03 juil. 2008, 2233 Bonjour Ă tous, en Ă©coutant une rĂ©citation du rosaire je me suis sĂ©rieusement posĂ© une question que je m'Ă©tais dĂ©jĂ posĂ©e Ă plusieurs reprises. Pourquoi dit on "je vous salue Marie...", mais "notre PĂšre qui es au cieux, que ton nom soit sanctifiĂ©..." Si le fait de vouvoyer Marie, mĂšre de Dieu, me parait ĂȘtre une Ă©vidence premiĂšre, je me demande de quel droit nous nous permettons de tutoyer Dieu le PĂšre. si quelqu'un a une explication, se serait volontier. SolĂšne Barbarus Re AprĂšs lecture des rĂšgles vouvoiement & cie... Message non lu par SolĂšne » ven. 04 juil. 2008, 1930 Bonjour Ă tous, merci Ă toutes vos participations qui rĂ©pondent Ă une question que je n'avais pas encore posĂ©e!!! Je m'interroge tout de mĂȘme encore. En effet vous citez la version latine du "Notre pĂšre" qui implique que le tutoiment Ă©tait dĂ©jĂ prĂ©sent en latin. S'il je sais parfaitemnt qu'en Français le "vous" est signe de politesse et que le "tu" est familier, en est t'il de mĂȘme en latin? Je me pose la question car, par exemple en allemand, la politesse est marquĂ© par l'utilisation de la troisiĂšme personne du pluriel et non pas de la deuxiĂšme. Pour ma part cela me gĂ©ne ne me viendrait pas Ă l'idĂ©e de tutoyer quelqu'un que je ne connais pas et cela m'horripile lorsque l'on "ose" me tutoyer sans me connaĂźtre. Bien que ce soit dans la liturgie et que comme le rappel Olivier JC dans sa citation de Mgr Dozolme, "il faut entrer loyalement dans la rĂ©forme liturgique" et "faire du tutoiement sacrĂ© la forme supĂ©rieure de notre respect", j'ai du mal 1 - Ă tutoyer un Dieu 2 - si pour j'en viens Ă tutoyer Dieu, pourquoi vouvoyer Marie? merci Ă tous des Ă©claircissements que vous pourrez m'accorder. Bien Ă vous ximatt Censor Messages 88 Inscription mer. 11 juin 2008, 1456 Re AprĂšs lecture des rĂšgles vouvoiement & cie... Message non lu par ximatt » ven. 04 juil. 2008, 2113 SolĂšne a Ă©crit S'il je sais parfaitemnt qu'en Français le "vous" est signe de politesse et que le "tu" est familier, en est t'il de mĂȘme en latin? Je me pose la question car, par exemple en allemand, la politesse est marquĂ© par l'utilisation de la troisiĂšme personne du pluriel et non pas de la deuxiĂšme.Je crois que le latin classique n'a pas de vouvoiement en tant que regle de pronom+conjugaison, juste des marqueurs de respect. La troisieme personne est aussi utilisĂ©e en espagnol pronom specifique et italien pronom feminin. InvitĂ© Barbarus Re AprĂšs lecture des rĂšgles vouvoiement & cie... Message non lu par InvitĂ© » dim. 06 juil. 2008, 1004 bonjour mes soeurs et frĂšres, voici mon tĂ©moignage Ă propos de la priĂšre et du tutoiement quand je m'adresse Ă JĂ©sus ou Ă Marie, je les tutoie aussi bien quand je rĂ©cite le "Notre PĂšre" et le "Je vous salue Marie" avec ma version "tutoitisĂ©e"... simplement parce que je me sens infiniment intimes avec eux ... comment vous faire saisir ce que je ressens ? quand je les prie, ils sont Ă cĂŽtĂ© de moi, main dans la main ... le tutoiement est Ă©vident ... il ne saurait en ĂȘtre autrement ... c'est une Ă©vidence intime je ne m'adresse pas Ă qqun "d'en haut", mais Ă qqun en face ou Ă cĂŽtĂ© de moi ... j'enseigne aux enfants que je catĂ©chise que la PriĂšre leur est personnelle, et qu'ils peuvent vouvoyer ou tutoyer selon ce qu'ils ressentent ... ils le comprennent parfaitement et certains utilisent le tutoiement, d'autre le vouvoiement potiez Ădilis Messages 15 Inscription ven. 18 avr. 2008, 031 Re AprĂšs lecture des rĂšgles vouvoiement & cie... Message non lu par potiez » dim. 06 juil. 2008, 1250 Les trois premiers commandements concernent les devoirs de l'homme envers Dieu, les sept autres les devoirs de l'homme envers son prochain. Ces Dix Commandements ont d'abord Ă©tĂ© imprimĂ©s dans l'Ăąme de tout homme dĂšs la crĂ©ation il s'agit en effet de la Loi naturelle, par laquelle l'homme, spontanĂ©ment, hait le mal et est attirĂ© vers le bien. JĂ©sus-Christ est venu confirmer ces Dix Commandements et les a rĂ©sumĂ©s en donnant aux hommes un Commandement Nouveau, la Loi d'Amour Mon commandement, c'est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimĂ©s Jn 15, 12. L'obĂ©issance aux commandements de Dieu est une preuve de l'Amour que l'on a pour Lui Si vous m'aimez, vous garderez mes commandements. Jn 14, 15 MĂȘme s'il s'agit de la loi naturelle, l'homme, depuis le pĂ©chĂ© originel, peine pour accomplir ces commandements. Seule la grĂące de Dieu lui permet de les observer sans faillir, et de pouvoir ainsi ĂȘtre sauvĂ©. Voir le Psaume 118, Ă©loge de la Loi divine Guide-moi sur le chemin de tes commandements, car c'est lĂ mon plaisir. ... Que me vienne ton amour, Seigneur, ton salut selon ta promesse ! versets 35 et 41. jean_droit Tribunus plebis Messages 8382 Inscription jeu. 08 dĂ©c. 2005, 1334 Localisation PĂ©rigord Re Tutoiement et vouvoiement dans la Liturgie Message non lu par jean_droit » lun. 14 juil. 2008, 2102 Le tutoiement est un signe de proximitĂ©. Le vouvoiement un signe de respect. En français. A chacun de se dĂ©terminer s'il veut privilĂ©gier la proximitĂ© ou le respect. Pour ma part j'utilise le vouvoiement et je traduis toutes les priĂšres tutoyĂ©es. InvitĂ© Barbarus Re Tutoiement et vouvoiement dans la Liturgie Message non lu par InvitĂ© » mar. 15 juil. 2008, 540 jean_droit a Ă©crit Le tutoiement est un signe de proximitĂ©. Le vouvoiement un signe de respect. En français. Le vouvoiement en France, c'est plus complexe que ça. Quelques illustrations en vrac VOUVOIEMENT Un signe de respect?... parfois seulement. On vouvoie son curĂ© parce qu'on le respecte. OK. On vouvoie son patron parce qu'on lui doit "soumission" professionnelle. Ca ne veut pas dire qu'on le respecte pour autant ex un patron odieux. On vouvoie les personnes qu'on croise dans la rue parce qu'on ne les connait pas. Le vouvoiement est systĂ©matiquement utilisĂ© face Ă des inconnus. Dans ce cas, ça ne dĂ©montre pas une marque de respect envers eux ex on vouvoiera le pire des criminels ou celui qui vous insulte On tutoie certains de nos collĂšgues de travail, mais on en vouvoie d'autres. Question d'atomes crochus et de personnalitĂ©. Certains instaurent dĂ©libĂ©remment ou non une distance dans leur comportement qui interdit tout rapprochement ou familiaritĂ©. En fait, le vouvoiement est trĂšs souvent une maniĂšre de mettre l'autre Ă distance. Une barriĂšre de protection qu'il est interdit de franchir, la familiaritĂ© du "tu" pouvant donner lieu Ă des dĂ©rapages. Dans ce cas le vouvoiement n'a rien Ă voir avec le respect. TUTOIEMENT 1 Le tutoiement est une zone de confort et de sĂ©curitĂ© dans un territoire connu de nous et qui nous est accueillant. Pas de masque social Ă porter. Pas besoin d'ĂȘtre sur ses gardes... On tutoie toujours un enfant, n'est-ce pas, mĂȘme inconnu de nous? Cela veut-il dire qu'on ne le respecte pas l'enfant? 2 Le tutoiement n'est pas un signe de manque de respect tant que la personne qui tutoie est elle-mĂȘme respectueuse. On peut tutoyer qui on veut et leur montrer de la dĂ©fĂ©rence par le biais de notre comportement et notre maniĂšre de parler. Dans le sens 1, je comprends qu'on puisse prĂ©fĂ©rer tutoyer Dieu, JĂ©sus et Marie... Boris Tribunus plebis Messages 2430 Inscription lun. 21 aoĂ»t 2006, 1746 Localisation France - Centre 28 Re AprĂšs lecture des rĂšgles vouvoiement & cie... Message non lu par Boris » jeu. 17 juil. 2008, 1147 SolĂšne a Ă©crit 2 - si pour j'en viens Ă tutoyer Dieu, pourquoi vouvoyer Marie? Parce que Marie n'est pas Dieu ! CQFD UdP, Boris Gandulf Censor Messages 107 Inscription mer. 14 mai 2008, 1328 Re Tutoiement et vouvoiement dans la Liturgie Message non lu par Gandulf » jeu. 17 juil. 2008, 2318 Je pense que cet usage du tutoiement liturgique est trĂšs regrettable pour la formation de la conscience liturgique et chrĂ©tienne. En français, le tutoiement est un signe d'intimitĂ©, aussi il faut dĂ©jĂ ĂȘtre dans un Ă©tat de grande Ă©lĂ©vation spirituelle pour s'adresser ainsi Ă Notre Seigneur comme Sainte ThĂ©rĂšse dans ses priĂšres, sinon on risque de tomber trĂšs rapidement dans la facilitĂ© voire l'irrespect. La justification du tutoiement par le littĂ©ralisme latin ne me semble pas non plus probante et plutĂŽt anachronique puisque le voussoiement n'existe pas en latin. A propos du tutoiement dans le Notre-PĂšre, lâabbĂ© Jean Carmignac a Ă©crit Mais il reste des arguments trĂšs forts qui plaident en faveur du vous ». Dâabord la fidĂ©litĂ© Ă lâusage hĂ©braĂŻque qui emploie presque toujours, pour Dieu, le pluriel de majestĂ©. Ensuite, le gĂ©nie de la langue française, oĂč le tu » implique un accent soit dâintimitĂ©, soit de supĂ©rioritĂ©, soit de vulgaritĂ©. En consĂ©quence, ceux qui vivent dĂ©jĂ avec Dieu dans une relation dâamitiĂ© apprĂ©cieront volontiers la nuance dâintimitĂ© exprimĂ©e par le tutoiement, mais ceux qui nâont pas encore pĂ©nĂ©trĂ© dans cette amitiĂ© de Dieu risqueront de ne pas y mettre suffisamment de respect. » Les anglais doivent avoir un sens liturgique plus sĂ»r puisqu'ils ont au moins gardĂ© l'ancienne traduction Our Father, Who art in heaven, Hallowed be Thy Name. Thy Kingdom come. Thy Will be done, on earth as it is in Heaven. Give us this day our daily bread. And forgive us our trespasses, as we forgive those who trespass against us. And lead us not into temptation, but deliver us from evil. Amen. InvitĂ© Barbarus Re Tutoiement et vouvoiement dans la Liturgie Message non lu par InvitĂ© » ven. 18 juil. 2008, 903 Gandulf a Ă©crit Les anglais doivent avoir un sens liturgique plus sĂ»r puisqu'ils ont au moins gardĂ© l'ancienne traduction Our Father, Who art in heaven, Hallowed be Thy Name. Thy Kingdom come. Thy Will be done, on earth as it is in Heaven. Give us this day our daily bread. And forgive us our trespasses, as we forgive those who trespass against us. And lead us not into temptation, but deliver us from evil. Amen. Thy forme gĂ©nitive du thou signifie "tu" . C'est un tutoiement archaique, l'exact Ă©quivalent du "tu" moderne... Il n'y jamais eu de vouvoiement dans la liturgie dans la langue anglais. De plus, il existe une traduction nouvelle du "Notre PĂšre" dans laquelle "thy" a Ă©tĂ© remplacĂ© par le plus moderne "you" et qui connaĂźt un grand succĂšs. Qui est en ligne ? Utilisateurs parcourant ce forum Aucun utilisateur inscrit et 1 invitĂ©
11° Dire quâautrui ne mâapparaĂźt pas comme objet, ne signifie pas seulement que je ne prends pas lâautre homme pour une chose soumise Ă mes pouvoirs, que je ne le prends pas pour un quelque chose ». Câest affirmer que le rapport mĂȘme qui, originellement, sâĂ©tablit entre moi et autrui, entre moi et quelquâun, ne saurait, Ă proprement parler, se loger dans un acte de connaissance qui, comme tel, est prise et comprĂ©hension, investissement dâobjets. PrĂ©tendĂ»ment extĂ©rieur, lâobjet est dĂ©jĂ englobĂ© par moi statut ambigu de lâimmanence et de la transcendance. Le rapport Ă autrui, câest prĂ©cisĂ©ment la fin de cette ambiguĂŻtĂ© et de la vieille tentation de la philosophie idĂ©aliste, oĂč la venue du langage nâest que de surcroĂźt, pour faire connaĂźtre au dehors ce qui se passe rigoureusement en nous, ou pour servir Ă la pensĂ©e intĂ©rieure dâinstrument dâanalyse ou de dĂ©pĂŽt oĂč sâaccumulent ses rĂ©sultats acquis. Dans la relation Ă autrui, cette intĂ©rioritĂ© serait dâemblĂ©e rompue et le langage, â le dire qui dit, ne fĂ»t-ce quâimplicitement, tu â nâest pas la communication, toujours facultative, de la rencontre. Il est lâĂ©vĂ©nement de cette rencontre mĂȘme, lâĂ©clatement mĂȘme de la pensĂ©e sortant dia-logiquement dâelle-mĂȘme et tout autrement quâune noĂšse qui, Ă travers le mĂȘme, se projette vers lâobjet quâelle se donne. 2Martin Buber dĂ©couvre cet Ă©clatement ou ce retournement de lâintentionalitĂ© en langage. Aussi commence-t-il sa dĂ©marche de philosophe par le premier mot, le mot fondamental, par le Grundwort au lieu de rĂ©flĂ©chir sur le cogito. Le Grundwort Je-Tu est, en fin de compte, la condition de lâouverture de tout langage, mĂȘme de celui qui Ă©nonce le rapport de pure connaissance exprimĂ© par le Grundwort Ich-Es, Je-Cela, car, comme langage prĂ©cisĂ©ment, celui-ci interpelle aussi un interlocuteur, est dĂ©jĂ dialogue ou rĂ©sidu dâun dialogue. 3Cette mise en valeur de la relation dia-logale et de son irrĂ©ductibilitĂ© phĂ©nomĂ©nologique, de son aptitude Ă constituer un ordre sensĂ© autonome et aussi lĂ©gitime que la traditionnelle et privilĂ©giĂ©e corrĂ©lation sujet-objet dans lâopĂ©ration de la connaissance, restera lâapport inoubliable des travaux philosophiques de Martin Buber. La multiplicitĂ© quâimplique la proximitĂ© sociale, nâest plus, par rapport Ă lâunitĂ© â ou Ă la synthĂšse ou Ă la totalitĂ© de lâĂȘtre que recherche le savoir ou la science â, une dĂ©gradation du rationnel ou une privation. Câest un ordre pleinement sensĂ© de la relation Ă©thique, relation avec lâaltĂ©ritĂ© inassimilable et, ainsi, Ă proprement parler, in-com-prĂ©hensible â Ă©trangĂšre Ă la saisie et Ă la possession â, dâautrui. La dĂ©couverte de cet ordre dans sa pleine originalitĂ© et lâĂ©laboration de ses consĂ©quences et, si on peut dire, de ses catĂ©gories », restent insĂ©parables du nom de Buber, quelles que soient les voix concordantes au milieu desquelles la sienne se fit entendre, fussent-elles aussi souveraines que celle de Gabriel Marcel dans le Journal MĂ©taphysique. Mais mĂȘme le fait dâavoir foulĂ© et fouillĂ© le domaine du dialogue sans se savoir sur un terrain dĂ©jĂ dĂ©gagĂ© par un autre, ne dispense pas le chercheur dâallĂ©geance Ă Buber. Rien ne pourrait limiter lâhommage qui lui est dĂ». Aucune rĂ©flexion sur lâaltĂ©ritĂ© dâautrui dans son irrĂ©ductibilitĂ© Ă lâobjectivitĂ© des objets et Ă lâĂȘtre des Ă©tants, ne peut ignorer la percĂ©e accomplie par lui et doit y trouver encouragement. 4Aussi, dans nos remarques Ă son sujet qui indiquent quelques points de divergence, ne sâagit-il pas de mettre en question les analyses fondamentales et admirables de Ich und Du et, encore moins, dâentrer dans la pĂ©rilleuse ou ridicule entreprise tendant Ă amĂ©liorer » la doctrine dâun authentique crĂ©ateur. Mais le paysage spĂ©culatif ouvert par Buber est assez riche et encore assez neuf, pour rendre possible certaines perspectives de sens quâon ne peut pas toujours reconnaĂźtre, du premier coup du moins, Ă partir des voies magistralement frayĂ©es par le pionnier. 5Nos remarques, qui distinguent des positions diffĂ©rentes entre Buber et celles que nous adoptons dans nos propres essais, sont formulĂ©es en guise de notes de travail qui touchent Ă divers thĂšmes. Elles ne dessinent pas les aperçus qui les fondent et constituent souvent des questions plutĂŽt que des objections. Il nâest peut-ĂȘtre pas impossible de leur trouver une rĂ©ponse â ou mĂȘme de trouver aux idĂ©es qui les dĂ©terminent une place â dans les textes de Buber. Mais cela relĂšve dâune Ă©tude qui nâest pas tentĂ©e aujourdâhui. 62° Une remarque prĂ©alable sâimpose encore. On pourrait sâĂ©tonner que devant le dĂ©chaĂźnement de tant de forces, de violences et de voracitĂ©s qui emplissent notre histoire, nos sociĂ©tĂ©s et nos Ăąmes, on soit allĂ© chercher dans le Je-Tu ou dans la responsabilitĂ©-dâun-homme-pour-lâautre-homme les catĂ©gories de lâHumain. Etonnements de bien des nobles esprits. Ce fut certainement le cas de notre regrettĂ© ami, le Professeur Alphonse De Waelhens â Ă la mĂ©moire de qui est consacrĂ© le prĂ©sent recueil dâĂ©tudes â quand, aprĂšs tant de beaux travaux consacrĂ©s Ă la phĂ©nomĂ©nologie, il parla de la distance qui sĂ©pare lâanthropologie philosophique et le visage de la vraie misĂšre des hommes et quand, pour regarder cette misĂšre dans les yeux, il se mit Ă frĂ©quenter les hĂŽpitaux psychiatriques aprĂšs tant de bibliothĂšques. Mais, peut-ĂȘtre, rechercher dans les structures Ă©thiques de la proximitĂ©, le secret de lâhumain nâĂ©quivaut-il pas Ă la tentative de fermer les yeux sur sa misĂšre. Ce nâest pas par la confiance en le progrĂšs qui serait assurĂ©e par une dialectique consolante ou par des signes avant-coureurs dâun nouvel Ăąge dâor, empiriquement recueillis, que se justifie Ă notre sens cette recherche sur lâĂ©thique comme philosophie premiĂšre. Ce sont certainement les nĂ©cessitĂ©s implacables de lâĂȘtre qui expliquent lâhistoire inhumaine des hommes plutĂŽt quâune Ă©thique de lâaltĂ©ritĂ©. Mais câest parce que, dans lâĂȘtre, lâhumain a surgi, que ces implacables nĂ©cessitĂ©s et ces violences et cet universel inter-essement sont en question et se dĂ©noncent comme cruautĂ©s, horreurs et crimes, et que lâhumanitĂ©, Ă la fois, sâobstine Ă ĂȘtre et sâatteste, contre le conatus essendi, dans les saints, et les justes, et ne se comprend pas seulement Ă partir de son ĂȘtre-au-monde, mais aussi Ă partir des livres. LâhumanitĂ© de lâhumain, nâest-ce pas dans lâapparent contre-nature de la relation Ă©thique Ă lâautre homme, la crise mĂȘme de lâĂȘtre en tant quâĂȘtre ? 73° Pour Buber, le tu que le je interpelle, est dĂ©jĂ , dans cette interpellation, entendu comme un je qui me dit tu. Lâinterpellation du tu par le je, serait donc dâemblĂ©e, pour le je, lâinstauration dâune rĂ©ciprocitĂ©, dâune Ă©galitĂ© ou dâune Ă©quitĂ©. DĂšs lors, entendement du je en tant que je et possibilitĂ© dâune thĂ©matisation adĂ©quate du je. LâidĂ©e du je ou dâun Moi en gĂ©nĂ©ral se dĂ©gagerait de cette relation aussitĂŽt une rĂ©flexion totale sur moi-mĂȘme serait possible et ainsi, lâĂ©lĂ©vation du Moi au concept, Ă la SubjectivitĂ© au-dessus de la centralitĂ© vĂ©cue du je ; Ă©lĂ©vation qui, dans le rationalisme traditionnel, passe pour meilleure » ou plus spirituelle » que la centralitĂ© et signifierait une libĂ©ration » Ă lâĂ©gard du subjectivisme partial et de ses illusions intellectuelles et morales. 8Dans nos propres analyses, lâabord dâautrui nâest pas originelle ment dans mon interpellation de lâautre homme, mais dans ma responsabilitĂ© pour lui. Relation Ă©thique originelle. â Cette responsabilitĂ© serait appelĂ©e et suscitĂ©e par le visage de lâautre homme, dĂ©crit comme une rupture des formes plastiques de la phĂ©nomĂ©nalitĂ© et de lâapparaĂźtre droiture de lâexposition Ă la mort et ordre Ă moi donnĂ© de ne pas laisser autrui Ă lâabandon parole de Dieu. Importance mĂ©thodologique de lâinterprĂ©tation du visage et de son originalitĂ© dans le perçu, selon une signifiance indĂ©pendante de celle que lui prĂȘte le contexte du monde. CentralitĂ© indĂ©racinable du je â du je ne sortant pas de sa premiĂšre personne â qui signifierait le caractĂšre illimitĂ© de cette responsabilitĂ© pour le prochain je ne suis jamais quitte Ă lâĂ©gard dâautrui. â ResponsabilitĂ© pour lâautre homme, que ne conditionnent pas, ni ne mesurent des actes libres dont cette responsabilitĂ© serait la consĂ©quence. ResponsabilitĂ© gratuite qui ressemble Ă celle dâun otage et qui va jusquâĂ la substitution Ă autrui, sans exigence de rĂ©ciprocitĂ©. Fondement des notions de fraternitĂ© et dâexpiation pour lâautre homme. Ici donc, contrairement au Je-Tu de Buber, pas dâĂ©galitĂ© initiale le tutoiement du Je-Tu est-il justifiĂ© ?. InĂ©galitĂ© Ă©thique subordination Ă autrui, diaconie originelle la premiĂšre personne Ă lâaccusatif » et non pas au nominatif ». DâoĂč la vĂ©ritĂ© profonde de la formule de DostoĂŻevski dans les FrĂšres Karamazov, souvent citĂ©e Nous sommes tous coupables de tout et de tous envers tous et moi plus que tous les autres ». Le superlatif final ne se rĂ©fĂšre pas, bien entendu, Ă des donnĂ©es biographiques, ni aux traits de caractĂšre du personnage qui Ă©nonce cette proposition. 94° ResponsabilitĂ© incessible, comme si le prochain mâappelait avec urgence et nâen appelait quâĂ moi, comme si jâĂ©tais seul concernĂ©. La proximitĂ© mĂȘme rĂ©side dans lâexclusivitĂ© de mon rĂŽle. Il est Ă©thiquement impossible de rejeter sur un tiers ma responsabilitĂ© pour le prochain. Ma responsabilitĂ© Ă©thique, câest mon unicitĂ©, mon Ă©lection et ma primogĂ©niture ». â LâidentitĂ© et lâunicitĂ© du moi ne semblent pas faire problĂšme chez Buber. Elles ne se tirent pas de la corrĂ©lation mĂȘme du dialogue oĂč le moi est concret. Son individuation » ne demeure-t-elle pas chez lui implicitement substantialiste ? 105° Relation avec lâautre dans la rĂ©ciprocitĂ©, la justice chez Buber commence dans le Je-Tu. Dans la perspective que nous avons suivie, le passage de lâinĂ©galitĂ© Ă©thique â de ce que nous avons appelĂ© dissymĂ©trie de lâespace intersubjectif â Ă lâ Ă©galitĂ© entre personnes », viendrait de lâordre politique de citoyens dans un Etat. La naissance de lâEtat Ă partir de lâordre Ă©thique serait intelligible dans la mesure oĂč jâai aussi Ă rĂ©pondre du tiers Ă cĂŽtĂ© » de mon prochain. Mais qui est Ă cĂŽtĂ© de qui ? LâimmĂ©diatetĂ© de ma relation au prochain est modifiĂ©e par la nĂ©cessitĂ© de comparer les hommes entre eux et Ă les juger. Recours Ă des principes universels, lieu de la justice et de lâobjectivitĂ©. â La citoyennetĂ© ne met pas fin Ă la centralitĂ© du Je. Elle la revĂȘt dâun sens nouveau sens rĂ©vocable. LâEtat peut se mettre Ă fonctionner selon les lois de lâĂȘtre. Câest la responsabilitĂ© pour autrui qui mesure la lĂ©gitimitĂ© de lâEtat, câest-Ă -dire sa justice. 116° La pensĂ©e Ă laquelle le dialogue appartient organiquement et primordialement chez Buber, ne reste-telle pas, par ailleurs, chez lui, dans lâĂ©lĂ©ment de la conscience ? â Il nous a semblĂ© essentiel dâinsister sur lâirrĂ©ductibilitĂ© de la responsabilitĂ© envers autrui Ă lâintentionnalitĂ© de la conscience, pensĂ©e du savoir, fermĂ©e sur la transcendance de lâAutre et qui assure comme savoir lâĂ©galitĂ© entre idĂ©e et ideatum et dans le parallĂ©lisme rigoureux noĂ©tico-noĂ©matique et dans lâadĂ©quation de sa vĂ©ritĂ© et dans la plĂ©nitude intuitive remplissant » la visĂ©e du Meinen, le satisfaisant comme on satisfait un besoin. La relation Ă©thique Ă lâautre homme, la proximitĂ©, la responsabilitĂ© pour autrui, ne serait pas une simple modulation de lâintentionnalitĂ© ; câest la modalitĂ© concrĂšte sous laquelle se produit prĂ©cisĂ©ment une non-in-diffĂ©rence de lâun Ă lâautre ou du MĂȘme Ă lâAutre, câest-Ă -dire une relation du MĂȘme Ă ce qui nâest plus Ă la mesure du MĂȘme et qui, dans un certain sens, n'est pas du mĂȘme genre ». La proximitĂ© quâassure la responsabilitĂ© pour lâautre nâest pas le pis-aller entre termes » qui ne sauraient coĂŻncider, ni fusionner Ă cause de leur diffĂ©rence, mais lâexcellence nouvelle et propre de la socialitĂ©. 12Il y aurait, ici, dans notre maniĂšre, comme une dĂ©duction de situations concrĂštes » Ă partir de significations abstraites dont se reconstituent les horizons ou la mise en scĂšne ». ManiĂšre d'inspiration phĂ©nomĂ©nologique et souvent pratiquĂ©e depuis TotalitĂ© et Infini. Par exemple, le chez soi » comme inflexion du Moi, recherchĂ© dans la concrĂ©tude de la demeure, et lâintĂ©rioritĂ© de la demeure ramenant au visage fĂ©minin. Insistance, dâautre part, sur la limite que la concrĂ©tude du contenu Ă©thique » impose Ă la nĂ©cessitĂ© des structures purement formelles la subordination » peut exclure la servitude quand elle est responsabilitĂ© pour autrui » ; lâobĂ©issance ne contredit pas la libertĂ© quand câest lâInfini qui commande ; le plus est dans le moins dans lâidĂ©e cartĂ©sienne de Dieu ; les possibles sont au-delĂ des limites du possible dans la paternitĂ© etc. La distinction si importante de Husserl Ideen, I, § 13 entre le formel vide et le gĂ©nĂ©ral, toujours encore Sachhaltig, ne comporte-t-elle pas, malgrĂ© la subordination du genre Ă la forme la possibilitĂ© dâune certaine distorsion de la forme par le contenu ? 137° Dieu pour Buber est le grand Toi ou le Toi Ă©ternel. En Lui se croisent, Ă Lui aboutissent les relations des hommes entre eux. â Nous nous sommes montrĂ© moins assurĂ© que ce quâon appelle Personne divine, tienne dans le Tu du dialogue et que piĂ©tĂ© et priĂšre soient dialogues. Nous avons Ă©tĂ© amenĂ© Ă recourir Ă la troisiĂšme personne, Ă ce que nous avons appelĂ© illĂ©itĂ© pour parler de lâInfini et de la transcendance divine, autre que lâaltĂ©ritĂ© dâautrui. IllĂ©itĂ© de Dieu qui me renvoie au service du prochain, Ă la responsabilitĂ© pour lui. Dieu serait personnel en tant que suscitant des rapports interpersonnels entre moi et mes prochains. Il signifie Ă partir du visage de lâautre homme dâune signifiance qui nâest pas articulĂ©e comme rapport de signifiant Ă signifier, mais comme ordre Ă moi signifiĂ©. Toujours la venue de Dieu Ă lâidĂ©e, est liĂ©e dans nos analyses Ă la responsabilitĂ© pour lâautre homme et toute affectivitĂ© religieuse signifie dans sa concrĂ©tude une relation Ă autrui ; la crainte de Dieu serait concrĂštement ma crainte pour le prochain. Elle ne retourne pas, malgrĂ© le schĂ©ma heideggĂ©rien de lâaffectivitĂ©, Ă la crainte pour soi-mĂȘme. 1 Voir Ă ce propos, dans notre livre Noms propres, les pages 51-55. Nous renvoyons aussi pour le prob ... 148° Le dualisme bubĂ©rien des mots fondamentaux Je-Tu et Je-Cela, de la relation sociale et de lâobjectivation, ne peut-il pas ĂȘtre surmontĂ© ? Nous avons dĂ©jĂ fait allusion Ă la venue du tiers dans la relation au prochain, motivant thĂ©matisation, objectivation et savoir. Mais le pour lâautre mĂȘme de la socialitĂ© nâest-il pas concret dans le donner et ne suppose-t-il pas les choses sans lesquelles, les mains vides, la responsabilitĂ© pour autrui ne serait que la socialitĂ© Ă©thĂ©rĂ©e des anges1 ? 159° Le langage de Buber, si fidĂšle Ă la nouveautĂ© de la relation avec autrui par rapport au savoir allant Ă lâĂȘtre, rompt-il entiĂšrement avec la prioritĂ© de lâontologie ? Je-Tu ne se dit-il pas comme une façon propre dâatteindre lâĂȘtre ? Nous avons essayĂ© de penser la relation Ă autrui et lâInfini comme dĂ©s-inter-essement dans les deux sens du terme comme gratuitĂ© de la relation, mais aussi comme lâĂ©clipse du problĂšme traditionnel de lâĂȘtre dans la relation avec Dieu et avec autrui. Le problĂšme du sens de lâĂȘtre, devient dans cette maniĂšre de penser la mise en question du conatus essendi qui, dans la comprĂ©hension de lâĂȘtre », restait le trait essentiel de lâĂȘtre l'ĂȘtre du Dasein signifiait avoir Ă ĂȘtre. Dans la responsabilitĂ© pour lâautre homme, mon ĂȘtre est Ă justifier ĂȘtre-lĂ , nâest-ce pas dĂ©jĂ occuper la place dâun autre ? Le Da du Dasein est dĂ©jĂ un problĂšme Ă©thique.
ANNEXE II PROGRAMME DES ĂPREUVES D'ADMISSIBILITĂ1. Programme de l'Ă©preuve de "mathĂ©matiques et d'analyse de processus" du concours "sciences"Physique. Les ondes programme de terminale S. Les ondes mĂ©caniques progressives - cĂ©lĂ©ritĂ© ; - ondes longitudinales et transversales ; - ondes sonores ; - propriĂ©tĂ©s gĂ©nĂ©rales des ondes propagation, vitesse de propagation, perturbation ; - ondes progressives Ă une ondes mĂ©caniques progressives pĂ©riodiques - notion de pĂ©riodicitĂ© ; - ondes sinusoĂŻdales pĂ©riode, frĂ©quence, longueur d'onde ; - diffraction des ondes sinusoĂŻdales ; - dispersion notion de milieu dispersif.La lumiĂšre, modĂšle ondulatoire - propagation dans le vide ; - modĂšle ondulatoire de la lumiĂšre cĂ©lĂ©ritĂ©, longueur d'onde, frĂ©quence ; - lumiĂšre mono et polychromatique ; - propagation de la lumiĂšre notion d'indice du milieu ; - dispersion de la lumiĂšre blanche par un nuclĂ©aire. DĂ©croissance radioactive - stabilitĂ© et instabilitĂ© des noyaux ; - composition, isotopie, notation ; - la radioactivitĂ© & et Ă, les Ă©missions y ; - lois de conservation de la charge Ă©lectrique ; - loi de dĂ©croissance, constante de temps, demi-vie ; - - masse-Ă©nergie - Ă©quivalence masse - Ă©nergie ; - dĂ©faut de masse, Ă©nergie de liaison ; - fission - fusion domaines ; - bilan de masse et d'Ă©nergie condition Ă rĂ©aliser pour obtenir l'amorçage de rĂ©action de fission ou de Champ Ă©lectrostatique - loi de Coulomb ; - champ et potentiel pour diffĂ©rentes distributions de charges ; - thĂ©orĂšme de Gauss forme intĂ©grale.Champ magnĂ©tique - induction magnĂ©tique - intensitĂ© et vecteur densitĂ© de courant ; - force de Lorentz et mouvement de charges ponctuelles dans un champ magnĂ©tique ; - force de Laplace, moment magnĂ©tique dipolaire ; - loi de Biot et Savart ; - flux du champ magnĂ©tique notion, unitĂ©, loi du flux conservatif ; - potentiel vecteur magnĂ©tique ; - champ magnĂ©tique créé par une spire circulaire en un point de son axe extension aux solĂ©noĂŻdes ; - thĂ©orĂšme d'AmpĂšre forme intĂ©grale.PhĂ©nomĂšnes d'induction Ă©lectromagnĂ©tique - loi de Faraday, loi de Lenz ; - self-induction et induction La mĂ©canique de Newton. Les trois lois de Newton - accĂ©lĂ©ration vision analytique et vectorielle ; - principe d'inertie ; - importance du choix du rĂ©fĂ©rentiel ; - loi des actions verticales - chute sans frottement mouvement rectiligne uniformĂ©ment accĂ©lĂ©rĂ© rĂ©solution de l'Ă©quation diffĂ©rentielle, importance des conditions aux limites ; - chute avec frottement fluide notion de rĂ©gime initial et de rĂ©gime permanent, vitesse limite, notion de temps caractĂ©ristique.Mouvements plans - mouvement de projectiles dans un champ de pesanteur uniforme Ă©quations horaires paramĂ©triques, Ă©quation de la trajectoire ; - satellites et planĂštes lois de Kepler, rĂ©fĂ©rentiels hĂ©liocentrique et gĂ©ocentrique, force centripĂšte, accĂ©lĂ©ration radiale, mouvements circulaires ou elliptiques.Les systĂšmes oscillants. Le pendule pesant, le pendule simple et le systĂšme masse-ressort en oscillations libres - position d'Ă©quilibre, Ă©cart Ă l'Ă©quilibre, abscisse angulaire, amplitude, amortissement rĂ©gimes pseudo et apĂ©riodiques ; - forces de rappel exercĂ©es par un ressort Ă©tude dynamique, rĂ©solution de l'Ă©quation diffĂ©rentielle ; - phĂ©nomĂšne de rĂ©sonance excitateur, rĂ©sonateur, amplitude et pĂ©riode des oscillations. travail Ă©lĂ©mentaire d'une force ; - Ă©nergie potentielle ; - Ă©nergie du point. Vecteurs position, vitesse et accĂ©lĂ©ration - systĂšmes de coordonnĂ©es cartĂ©siennes, de FrĂ©net, polaires, cylindrique et sphĂ©riques ; - mouvements rectiligne et des mouvements - composition des vitesses, des accĂ©lĂ©rations mouvements relatifs, d'entraĂźnement, accĂ©lĂ©ration de Coriolis.CinĂ©matique du solide. Champ des vitesses d'un solide - torseur cinĂ©matique solide en translation, en rotation autour d'un axe fixe, mouvement plan sur plan ; - changement de point d'un torseur cinĂ©matique ; - Ă©quiprojectivitĂ© du champ des vitesses d'un solide ; - centre instantanĂ© de Grandeurs Ă©lectriques - notion de signal analogique et numĂ©rique ; - grandeurs caractĂ©ristiques en Ă©lectronique tension, intensitĂ©, puissance ; - calcul de grandeur instantanĂ©e, grandeur moyenne ou grandeur des dipĂŽles - dipĂŽles passifs rĂ©sistance, condensateur, bobine ; - dipĂŽles actifs source de tension et courant idĂ©ales, modĂšles de gĂ©nĂ©rateurs ; - convention rĂ©cepteur et convention gĂ©nĂ©rateur ; - association de en Ă©quation des circuits Ă©lectriques - loi d'Ohm ; - loi des mailles ; - loi des nĆuds ; - diviseur de tension, diviseur de courant ; - thĂ©orĂšmes de ThĂ©venin et de Norton ; - mĂ©thode de Millmann ; - principe de la superposition des Ă©tats sinusoĂŻdal - impĂ©dances complexes des dipĂŽles passifs ; - calcul sous forme d'expression temporelle ou d'une reprĂ©sentation sous forme complexe des grandeurs caractĂ©ristiques amplitude, pĂ©riode, frĂ©quence, phase d'une grandeur sinusoĂŻdale ; - gain complexe Ă©quivalent amplitude et phase de systĂšmes du premier et deuxiĂšme ordre ; - impĂ©dances d'entrĂ©e et de sortie d'un opĂ©rationnel Aop - l'Aop idĂ©al ; - structures fondamentales montage inverseur, montage non inverseur ; - application des montages Ă Aop additionneur, soustracteur, etc. ; - calcul sur les montages Ă Aop Programme de l'Ă©preuve de "sciences Ă©conomiques" du concours "sciences Ă©conomiques et sociales"MicroĂ©conomie. Il s'agit de savoir apprĂ©hender des questions concrĂštes en termes d'Ă©quilibre de marchĂ© et de comprendre les mĂ©canismes qui dĂ©terminent ces Ă©quilibres. L'Ă©preuve pourra, par exemple Ă partir d'un article de journal, demander d'identifier les mĂ©canismes Ă©conomiques en prĂ©sence et d'apporter un commentaire. Contenu du programme de microĂ©conomie. Titre Ier les mĂ©canismes du marchĂ© notion d'offre thĂ©orie du producteur, production et coĂ»t, notion de demande thĂ©orie du consommateur, prix d'Ă©quilibre, dĂ©placements de l'Ă©quilibre. Titre II les marchĂ©s et la formation des prix dĂ©terminants et consĂ©quences de la structure des marchĂ©s - la concurrence pure et parfaite ; - le monopole ; - l' Il s'agit de comprendre le sens des principales variables macroĂ©conomiques ainsi que les mĂ©canismes qui les relient afin de pouvoir rĂ©pondre Ă des questions concrĂštes politique de l'emploi en France et son efficacitĂ©, croissance et pouvoir d'achat, etc.. Contenu du programme de macroĂ©conomie - problĂšmes et donnĂ©es de la macroĂ©conomie ; - revenu, emploi et inflation dans le long terme ; - fluctuations dans le court terme ; - croissance ; - politiques Ă©conomiques ; - l'Ă©conomie de l'Union Programme de l'Ă©preuve de "mathĂ©matiques appliquĂ©es" du concours" sciences Ă©conomiques et sociales"Calculs numĂ©riques - nombres entiers, entiers relatifs, rationnels, rĂ©els, complexes. Les ensembles IN, Z, Q, IR ; - manipulations sur les puissances fractionnaires et nĂ©gatives d'un nombre rĂ©el ; - rĂ©ductions et opĂ©rations Ă©lĂ©mentaires sur les fractions ; - calculs logarithmiques sur les nombres rĂ©els.Equations, inĂ©quations - rĂ©solution d'Ă©quation du premier et du second degrĂ©, d'un systĂšme d'Ă©quations linĂ©aires ; - rĂ©solution d'une Ă©quation du premier et du second degrĂ©, pouvant contenir des valeurs absolues, les logarithmes, des exponentielles et reprĂ©sentation graphique de l'ensemble des solutions ; - rĂ©solution d'une inĂ©quation ou d'un systĂšme d'inĂ©quations linĂ©aires et reprĂ©sentation graphique de l'ensemble des monotones, majorĂ©es, minorĂ©es, bornĂ©es - suites convergentes, suites divergentes ; - propriĂ©tĂ© fondamentale toute suite croissante et majorĂ©e resp. dĂ©croissante et minorĂ©e est convergente ; - opĂ©ration sur les limites de suites ; - suites arithmĂ©tiques et gĂ©omĂ©triques identification de ces suites, dĂ©termination de leur composants caractĂ©ristiques et expression de leur terme gĂ©nĂ©ral et des sommes partielles. Application Ă l'Ă©tude des suites arithmĂ©tico-gĂ©omĂ©triques ; - exemple d'Ă©tude de des suites aux mathĂ©matiques financiĂšres - taux d'intĂ©rĂȘt, valeur future, valeur prĂ©sente d'une somme ; - suites de versements ; - calcul de mensualitĂ©s d'une variable rĂ©elle. GĂ©nĂ©ralitĂ©s sur les fonctions - dĂ©termination du domaine de dĂ©finition et de l'image d'une fonction ; - injection, surjection, bijection ; - composition de graphique - dĂ©termination des effets d'une translation ou d'une homothĂ©tie du graphe sur l'expression d'une fonction ; - paritĂ© application Ă la reprĂ©sentation graphique ; - reprĂ©sentation graphique des fonctions usuelles citĂ©es et continuitĂ© - comprĂ©hension des concepts de continuitĂ© et de limite d'une fonction ; - opĂ©ration sur les limites ; - composĂ©e d'une fonction de limite λ par une fonction continue au point λ ; - comportement asymptotique d'une fonction, aspect graphique. La recherche systĂ©matique de l'asymptote n'est pas exigĂ©e. On se limitera Ă la reconnaissance de l'asymptote ; - thĂ©orĂšme des valeurs - distinction entre nombre dĂ©rivĂ© et dĂ©rivĂ©e d'une fonction ; - interprĂ©tation gĂ©omĂ©trique du nombre dĂ©rivĂ© ; - rĂšgles de dĂ©rivation ; - lien entre signe de la dĂ©rivĂ©e et variations de la fonction ; - calcul de dĂ©rivĂ©es dĂ©rivĂ©e d'une application composĂ©e ; - primitive tableau primitives-dĂ©rivĂ©es des fonctions usuelles ; - calcul des dĂ©rivĂ©es successives ; - Ă©tude d'une fonction sens de variation, signe, extremums et ses applications Ă la rĂ©solution d'Ă©quations et d' usuelles - fonctions valeur absolue, polynĂŽmes, fractions rationnelles, radicales, etc. ; - fonction exponentielle et logarithme Ă©quations fonctionnelles caractĂ©ristiques, comportement asymptotique, etc. ; - fonction puissance ; - croissance comparĂ©e des fonctions exponentielles, puissance et des ensembles - intersection, rĂ©union, complĂ©mentaire, inclusion, appartenance, cardinal, parties, ensemble de parties, etc. ; - produit cartĂ©sien de deux ensembles ; - nombres de combinaisons, nombre d'arrangements, formule du binĂŽme, triangle de - concept de probabilitĂ© sur un ensemble fini ; - probabilitĂ© conditionnelle, indĂ©pendance de deux Ă©vĂ©nements, formule des probabilitĂ©s totales, formule de Bayes ; - expĂ©riences indĂ©pendantes ; - exemples de variables alĂ©atoires discrĂštes loi de Bernoulli, loi - dĂ©finitions des paramĂštres de statistiques descriptives mode, moyenne, mĂ©diane, dispersion, Ă©tendue, quartiles, variance, Ă©cart type ; - application numĂ©rique de ces paramĂštres compatible avec une calculatrice scientifique non programmable, non graphique ; - moyennes gĂ©omĂ©triques et harmoniques et leurs matriciel - dĂ©finition d'une matrice et opĂ©rations Ă©lĂ©mentaires sur les matrices ; - dĂ©finition et propriĂ©tĂ©s du produit - distinction entre une identitĂ© et une Ă©quation ; - distinction entre axiome et Programme de l'Ă©preuve de langue vivante 2 du concours "lettres"Allemand. Les candidats devront ĂȘtre en mesure de lire, de comprendre et de commenter un texte d'actualitĂ© portant sur les thĂšmes suivants - relations internationales ; - problĂšmes de sociĂ©tĂ© ; - se familiariser avec l'Ă©preuve, le candidat devra s'entraĂźner Ă - la lecture de la presse ; - la traduction version ; - la comprĂ©hension et la recherche d'informations dans un texte ; - l'analyse et le commentaire structurĂ© ; - la rĂ©daction dans une langue maĂźtrise du vocabulaire de base pour parler des relations internationales, de la gĂ©opolitique et des problĂšmes de sociĂ©tĂ© sera demandĂ©e. CompĂ©tences grammaticales indispensables en langue allemande. DĂ©clinaisons, conjugaisons, syntaxe. Espagnol. Les candidats devront ĂȘtre en mesure de lire, de comprendre et de commenter un texte d'actualitĂ© portant sur les thĂšmes suivants - relations internationales ; - problĂšmes de sociĂ©tĂ© ; - se familiariser avec l'Ă©preuve, le candidat devra s'entraĂźner Ă - la lecture de la presse ; - la traduction version ; - la comprĂ©hension et la recherche d'informations dans un texte ; - l'analyse et le commentaire structurĂ© ; - la rĂ©daction dans une langue grammaticales indispensables en langue espagnole - conjugaison rĂ©guliĂšre et irrĂ©guliĂšre ; - syntaxe ; - les prĂ©positions ; - traduction du on ; - traduction du dont ; - l'obligation personnelle et impersonnelle ; - emploi et valeur du subjonctif ; - concordance des temps ; - emploi de ser et estar ; - emploi de haber et tener ; - les dĂ©monstratifs ; - la tournure emphatique ; - l'apocope ; - la du vocabulaire de base pour parler des relations internationales, de la gĂ©opolitique et des problĂšmes de sociĂ©tĂ©. Italien. Les candidats devront ĂȘtre en mesure de lire, de comprendre et de commenter un texte d'actualitĂ© portant sur les thĂšmes suivants - relations internationales ; - problĂšmes de sociĂ©tĂ© ; - se familiariser avec l'Ă©preuve, le candidat devra s'entraĂźner Ă - la lecture de la presse ; - la traduction version ; - la comprĂ©hension et la recherche d'informations dans un texte ; - l'analyse et le commentaire structurĂ© ; - la rĂ©daction dans une langue grammaticales indispensables en langue italienne - conjugaisons des verbes rĂ©guliers et irrĂ©guliers aux temps suivants prĂ©sent, passĂ© composĂ©, imparfait, futur et conditionnel ; - sensibilisation Ă l'emploi du subjonctif prĂ©sent et imparfait ; - concordance futur-futur ; - les prĂ©positions et leurs contractions avec les articles dĂ©finis ; - les tournures impersonnelles et en particulier la traduction de on ; - les pronoms COD/COI ; - les pluriels particuliers de noms et adjectifs crisi/problemi/economiche, etc. ; - les comparatifs et superlatifs ; - les dĂ©monstratifs ; - l'emploi de piacere ; - les adjectifs possessifs ; - la politesse et le tutoiement ; - les adverbes ou conjonctions et locutions permettant d'introduire, de dĂ©velopper et de conclure un discours ; - la syntaxe de la du vocabulaire de base pour parler des relations internationales, de la gĂ©opolitique et des problĂšmes de sociĂ©tĂ©. Arabe. Liste des points Ă maĂźtriser A. - Morphologie 1. Le verbe conjugaison des verbes simples et augmentĂ©s, Ă racines saines et malades , trilitĂšres et quadrilatĂšres, Ă l'actif et au passif, au singulier, pluriel et duel - Ă l'accompli ; - Ă l'inaccompli indicatif, subjonctif et apocopĂ© ; - Ă l' Le nom - schĂšmes nominaux, noms de nombres en dialecte, noms de couleurs et de difformitĂ©, Ă©latif ; - le genre et le nombre singulier, pluriel, duel des noms ; - formation des participes et des noms verbaux masdar des formes simples et augmentĂ©es de racine saines ou malades ; - adjectifs et intensifs ; - pronoms personnels, affixes et isolĂ©s ; - dĂ©monstratifs ; - La dĂ©clinaison - le tanwin ; - la dĂ©clinaison des diptotes ; - la dĂ©clinaison des pluriels externes, du - Syntaxe 1. DĂ©finition du nom par l'article ou l'annexion. 2. L'adjectif Ă©pithĂšte l'accord nom-adjectif. 3. La proposition relative. 4. Comparatif et superlatif. 5. La phrase nominale - notions de mubtada' et khabar ; - ordre des mots et accords ; - fonctionnement avec inna, la'alla, anna, ka'anna, etc. ; - l'expression du temps dans la phrase nominale kĂąna et les accords dans la phrase ; - la nĂ©gation de la phrase nominale emploi de La phrase verbale - temps et aspect, valeurs de l'accompli et de l'inaccompli ; - ordre et dĂ©fense ; - nĂ©gation de la phrase verbale ; - l'ordre des mots et les rĂšgles d'accord verbe-sujet ; - les complĂ©ments directs et indirects des Les subordonnĂ©es complĂ©tives - avec an ; - avec anna ; - le discours rapportĂ© ; - l'interrogation Les subordonnĂ©es circonstancielles de temps, de but, de consĂ©quence. 9. Expression de la condition, de l'hypothĂšse. MaĂźtrise du vocabulaire de base pour parler des relations internationales, de la gĂ©opolitique et des problĂšmes de sociĂ©tĂ©. Russe. Les candidats devront ĂȘtre en mesure de lire et de comprendre de maniĂšre ciblĂ©e un texte d'actualitĂ© portant sur les thĂšmes suivants - relations internationales ; - problĂšmes de sociĂ©tĂ© ; - se familiariser avec l'Ă©preuve, le candidat devra s'entraĂźner Ă - la lecture de la presse ; - la traduction version ; - la comprĂ©hension et la recherche d'informations dans un texte ; - la maĂźtrise des fondamentaux de la grammaire grammaticales indispensables en langue russe Savoir identifier - les noms ; - les adjectifs ; - les pronoms ; - les verbes ; - les adverbes ; - les - les conjugaisons ; - les bases de la dĂ©clinaison ; - l'emploi des du vocabulaire de base pour parler des relations internationales, de la gĂ©opolitique et des problĂšmes de Programme de l'Ă©preuve "histoire des relations internationales et gĂ©opolitique" du concours" lettres"HRI les relations internationales en Europe de 1648 Ă 1989. Il sera demandĂ© aux candidats de - maĂźtriser les notions importantes qu'implique cette question Ă©quilibre des puissances, diplomatie europĂ©enne, congrĂšs de paix, principe dynastique, monarchie absolue, Ă©conomie et mercantilisme, pacifisme au XVIIIe siĂšcle, rĂ©volutions amĂ©ricaine et française, irruption du principe national ; - connaĂźtre la chronologie des conflits dans ses grandes lignes ainsi que les modalitĂ©s de leur rĂšglement L'eau dans le monde 1° Le cycle de l'eau pour introduire l'idĂ©e d'une absence de rĂ©partition dans la ressource Ă l'Ă©chelle de la planĂšte. Les grands bassins versants Amazone, Mississippi, Congo, Nil, Danube, Rhin et fleuves chinois. 2° L'agriculture, premiĂšre consommatrice dans le monde. Les besoins augmentent en ville. 3° L'eau nĂ©cessaire Ă la production d'Ă©lectricitĂ©. Pollution et dĂ©pollution. Le pĂ©trole dans le monde 1° Les principaux gisements gĂ©ologie sommaire et contraintes de l'extraction. 2° Les rĂ©serves fluctuent au rythme de l'Ă©volution des cours pĂ©troliers, et de la consommation mondiale. 3° Les routes utilisĂ©es pour le transport du pĂ©trole voie maritime et tubes, les ports et les industries raffinage. Les migrations internationales 1° Les foyers de dĂ©part transition dĂ©mographique et les destinations d'arrivĂ©e vieillissement dĂ©mographique. 2° Un besoin en main-d'Ćuvre contrariĂ© par une politique migratoire devenue restrictive. Des frontiĂšres Ă surveiller pour les pays d'accueil. Un encouragement pour les flux clandestins. 3° Des effets Ă©conomiques contrastĂ©s transferts d'argent, de compĂ©tence et trafics. Un phĂ©nomĂšne Ă replacer dans le contexte gĂ©nĂ©ral de Ă l'article 26 de l'arrĂȘtĂ© du 11 juillet 2022 ARMH2220775A, ces dispositions sont applicables Ă la date d'ouverture du concours de la session 2023.
qu implique le tutoiement dans une relation